Force Ouvrière (FO) s'apprête à tourner la page Jean-Claude Mailly lors de son congrès qui s'ouvre lundi à Lille. Très contesté ces derniers mois par ses troupes, l'actuel secrétaire général du syndicat passera la main à Pascal Pavageau. Après quatorze ans à la tête de FO, Jean-Claude Mailly s'attend à un congrès mouvementé. Il est prévu qu'il s'exprime lundi, puis jeudi après des prises de parole de militants, qui risquent fort de revenir sur l'épisode des ordonnances travail.
Entre 3.000 et 4.000 personnes sont attendues au Grand Palais de Lille de lundi à vendredi. L'élection du nouveau secrétaire général, par le Parlement du syndicat (comité confédéral national, CNN), se déroulera vendredi.
"Les militants attendent clairement une ligne." Outre des prises de parole qui s'annoncent rudes, un des thermomètres du mécontentement sera le vote du rapport d'activité de l'actuel secrétaire général. Son score sera scruté.
"Compte tenu des difficultés de positionnement et de ligne cette année, et c'est un euphémisme, les militants attendent clairement une ligne", explique Pascal Pavageau, seul candidat à la succession. Une partie des troupes FO ont en effet jugé trop conciliantes les positions de Jean-Claude Mailly sur les ordonnances Macron réformant le droit du travail, alors que FO avait défilé aux côtés de la CGT pour s'opposer à la loi El-Khomri un an plus tôt.
Jean-Claude Mailly a accepté la concertation avec le gouvernement et refusé de descendre dans la rue. Ce qui n'a pas empêché certaines fédérations, par ailleurs très autonomes, de manifester aux côtés de la CGT cet automne.
Pour lui succéder, Pascal Pavageau, ingénieur en travaux publics de 49 ans, est en piste depuis 2011. S'affichant comme plus "direct" face à un exécutif qui est "une bête de com'", il s'en prend notamment à un Macron "Jupiter" qui ne supporte pas "les contrepoids" que sont notamment les syndicats. "Contrairement à ce que pense Jupiter, le monde n'a pas démarré en 2017", cingle-t-il.
Pavageau veut rajeunir et féminiser le syndicat. Pascal Pavageau se présente en pacificateur, candidat "de la base", l'indépendance en bandoulière, "sans carte au PS" en particulier, pour se démarquer de son prédécesseur. À ses côtés, une jeune garde, soit six nouvelles têtes sur treize, va faire son entrée au bureau confédéral. Le prochain leader de FO promet de rajeunir et de féminiser le syndicat, voulant même "faire sauter le plafond de verre" dans un paysage ultra-masculin.
Pascal Pavageau a également précisé qu'il "ne valide pas le chiffre de 500.000" adhérents inchangé depuis 2011 et devrait faire les comptes pour annoncer un chiffre "au plus tard à la fin de l'année".
FO, qui a récemment fêté ses 70 ans, est le troisième syndicat en termes d'audience et a du chemin à rattraper concernant son implantation dans les entreprises. Il est en revanche premier dans la fonction publique d'État. À 65 ans, Jean-Claude Mailly va quitter la scène nationale et a récemment déclaré qu'il allait "prendre un mandat" au Comité économique et social européen.