La relation de confiance entre les policiers et Christophe Castaner, après les annonces de ce dernier sur le racisme et les techniques d'interpellation, est-elle rompue ? En grande partie, selon Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière, invité d'Europe 1 jeudi soir après avoir été reçu par le ministre de l'Intérieur : "Depuis lundi, Christophe Castaner est indigne d'être le ministre de l'Intérieur", affirme le responsable.
Jeudi après-midi, Christophe Castaner a reçu les syndicats de policiers, trois jours après un discours dans lequel il évoquait des "sanctions" en cas de "soupçons avérés" de propos ou actes racistes émanant de policiers. Yves Lefebvre décrit de manière imagée une rencontre déséquilibrée avec des syndicats en pleine fronde : "C'est le Christophe Castaner qui était tel un boxeur, dans un coin du ring, assis sur sa chaise, qui en a pris plein la tronche pendant une heure et quart", lâche le syndicaliste.
"Castaner a lâché sa police"
Le ministre en a pris "plein la tronche parce qu'il est indigne dans ses propos de lundi", poursuit Yves Lefebvre, selon qui "les policiers ne considèrent plus Christophe Castaner comme étant légitimement leur ministre (et) c'est à lui d'en tirer les conclusions". "Christophe Castaner a lâché sa police lundi à travers son point presse" dans lequel il parle de "soupçons avérés" de racisme : "Pour moi, ces soupçons avérés n'existent pas. Il y a des faits avérés, oui ou non."
Le ministre peut-il regagner la confiance des policiers ? Là encore, Yves Lefebvre use de la métaphore pour décrire la tâche gigantesque qui attend le ministre de l'Intérieur : "Il est au pied de l'Himalaya, il n'a pas de bouteille d'oxygène, c'est à lui de conquérir [la montagne] avec ses petits bras et ses petites jambes et réussir à reconquérir la confiance des policiers", prévient le syndicaliste.
Lallement "s'est comporté comme un grand chef"
Jeudi soir, les policiers ont mené plusieurs actions pour protester contre les propos de leur ministre de tutelle, comme le dépôt de menottes devant leur commissariat. Pour renouer le dialogue, Yves Lefebvre conseille à Christophe Castaner de "maintenir la technique du contrôle de tête", alors que le ministre avait annoncé l'interdiction de cette méthode dite "d'étranglement".
Cette technique controversée va être remplacée par le pistolet à impulsion électrique, dont l'expérimentation sans généralisation est souhaitée par Yves Lefebvre, qui accorde au passage un satisfecit à Didier Lallement. Selon le responsable syndical, le préfet de police de Paris "s'est comporté comme un grand chef" avec une lettre invitant les policiers à "ne pas douter".