1:44
  • Copié
Pierre Herbulot, édité par Rémi Duchemin
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers dénonce, dans un rapport sans concession dévoilé dimanche par "Le Parisien", les ratés de la gestion de l’épidémie de coronavirus. Préfets, administrations, urgences… tout le monde en prend pour son grade dans un texte où pointe une certaine amertume.

Le rapport n'était pas voué à être connu du grand public, mais il fait beaucoup de bruit. La Fédération nationale des sapeurs-pompiers dresse un constat très sévère de la gestion de la crise du Covid-19. Ce rapport interne, destiné au ministère de l'Intérieur, a été dévoilé dimanche par Le Parisien. Il pointe une administration de la santé dépassée, un numéro d'urgence saturé, ou encore des préfets relégués au second plan. Mais ce que l’on comprend aussi entre les lignes, c'est que les pompiers ont l'impression d'être les grands oubliés de la crise.

Car si les soignants ont été applaudis, si les caissiers devenus des héros du quotidien, tout se passe comme si les pompiers, eux, n’avaient pas été mobilisés, regrette le colonel Grégory Allione. "Lorsque que vous savez que les sapeurs-pompiers sont allés renforcés des centres de réception des appels des centres 15 qui étaient saturés… Lorsque vous avez que les sapeurs-pompiers sont allés dans les centres hospitaliers pour faire des zones de tri, entre celles et ceux qui étaient symptomatiques ou supposées Covid et les urgences qui étaient véritables et non Covid…", énumère le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. "Tout ça n’a jamais été dit, n’a jamais été mise en exergue. Pour autant, c’est ce qui fait que nous avons pu faire face localement, territorialement, au Covid-19."

Le pompier critique aussi les transports de malades en train médicalisés, alors que les pompiers étaient prêts. "Lorsque vous avez des colonnes entières d’ambulance avec des médecins sapeur-pompiers qui sont prêts. Lorsque tout le monde a l’arme au pied, que les colonnes sont constituées, et qu’on vous dit ‘non finalement ce n’est pas vous’… et on apprend qu’il y a un train qui est parti. OK, dont acte", souflle, amer, Grégory Allione.

Ces critiques font siffler les oreilles du président du Samu François Braun. "Les pompiers n’arrêtent pas depuis des mois et des mois de dire qu’ils deviennent des supplétifs de la santé, qu’ils ne veulent pas le faire, et que ce n’est pas leur travail, etc. on a fait sans eux, voilà", rétorque le médecin. "Et on a réussi, c’est peut-être ça qui les froisse."

François Braun sera entendu lundi après-midi par la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale... contrairement aux représentants des pompiers qui n'ont jamais eu voix au chapitre. Du moins avant de publier leur propre rapport.