Mardi à Bourgtheroulde, conjuguer visite présidentielle et vie quotidienne va assurément tourner au casse-tête. À 15 heures, Emmanuel Macron écoutera pendant plus de deux heures quelque 600 maires des cinq départements normands venus exposer les doléances de leurs administrés, pour le coup d'envoi du "grand débat national" censé répondre à la crise des "gilets jaunes".
La foule attendue. Un arrêté préfectoral interdit toute manifestation. Et dès mardi matin, impossible de circuler dans les rues de la petite commune de l'Eure si l'on ne prouve pas que l'on y habite bien. Les accès sont déjà barrés. Parmi les habitants, beaucoup observent ce grand chambardement sans inquiétude. "Il va y avoir beaucoup de monde : 600 maires, 1.600 personnels de sécurité, plus les 'gilets jaunes'… Mais on nous a donné des garanties de sécurité", se rassure Elodie, une mère de famille.
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Un dialogue indirect. La plupart des riverains regrettent de ne pas pouvoir dialoguer directement avec Emmanuel Macron. "Si je l'avais en face de moi, je lui dirais qu'il faut qu'il prenne un peu plus en considération le peuple, qu'il se mette au niveau des gens", annonce Bénédicte, la bouchère. Et c'est justement l'objectif du "grand débat national" que défend le maire de Bourgtheroulde, Vincent Martin. "On essaie simplement de savoir comment sortir de cette ornière. C'est une démarche d'ouverture. J'espère qu'il n'y aura pas de débordements sur notre petite commune", glisse l'édile.
Le centre-ville de Bourgtheroulde. Crédit photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Les "gilets jaunes" présents mais prudents. Par précaution, les vitrines des commerces de la Grand-Rue ont été recouvertes de grandes planches de bois. La veille, sur le rond-point de la Lune à Brionne, une commune située à une vingtaine de kilomètres de Grand Bourgtheroulde, une trentaine de "gilets jaunes" venus de tout le département étaient réunis dans leur cabane, autour de Laurent et de Francis, qui coordonnent le mouvement ici. "Soyez conscients que si vous venez manifester autour, mardi, il faudra être extrêmement prudents et réactifs", les enjoignent-ils.
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Pour ces "gilets jaunes", le "grand débat national" ne pourra se faire sans eux. Dès lors, ils demandent à être reçus pour exposer leurs revendications, à commencer par le pouvoir d'achat. "Notre volonté, c'est d'abord de faire voir qu'il y a des 'gilets jaunes' qui veulent le dialogue, qui veulent discuter dans le calme, la non-violence. Et s'il y a cette volonté de la part du gouvernement, la moindre des choses est quand même qu'il nous reçoive", estime Francis.
Une chaîne humaine ? Parmi les "gilets jaunes" du secteur, l'idée de créer une grande chaîne humaine, au plus près du périmètre de sécurité, séduit de plus en plus. Hélène, qui viendra sans gilet jaune pour éviter d'être contrôlée, est prête à participer au mouvement. "On vient pacifiquement, mais on veut quand même montrer qu'on est là."