Les cahiers de doléances sont clos. Mercredi soir, au plus tard, les préfectures doivent envoyer les quelque 10.000 cahiers citoyens mis à disposition par les mairies, dans le cadre du "grand débat national", à la Bibliothèque nationale de France.
Des centaines de milliers de pages à numériser. Ces compilations de revendications et d'idées sont numérisées à leur arrivée à la BnF. Un travail indispensable au regard de la masse de données récoltées : les 10.000 cahiers représentent quelque 400.000 pages, auxquelles il faut ajouter des initiatives plus individuelles, comme des lettres envoyées directement au président de la République ou au Premier ministre. "On va avoir une production moyenne de 25.000 pages par jours. À la BnF, comme on traite entre 17 et 20 millions de pages par an, on a l'habitude de s'occuper des forts volumes", explique au micro d'Europe 1 Miari Rabenarivo, la responsable du service numérisation de la BnF.
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Un fichier informatique géant. Les documents numérisés sont ensuite stockés dans des serveurs sécurisés. Ils doivent être rassemblés courant mars en un seul fichier informatique qui sera mis à la disposition du gouvernement. "La numérisation permet à des moteurs de recherche de retrouver plus facilement des contenus", pointe Arnaud Beaufort, directeur adjoint de la BnF. "C'est une aide évidente pour les analystes qui vont travailler sur ces documents."
Un rapport entre les mains du gouvernement. Cette analyse doit être confiées à trois start-up missionnées par le gouvernement. Elles auront accès en exclusivité à ce fichier informatique. Leur travail tient en un mot : synthétiser. C'est-à-dire faire de ces centaines de milliers de pages un rapport dans lequel ressortira les principales demandes ou inquiétudes de ceux qui ont écrit dans les cahiers citoyens. Les résultats sont attendus pour le mois d'avril. Puis dans la foulée, cet espèce de cahier de doléances dématérialisé sera mis en ligne et consultable par tout un chacun en quelques clics sur Internet.
Que contiennent les cahiers de doléance ? Ce sont des cahiers d'écolier à grands ou petits carreaux, certains sont vides ou n'affichent qu'une ou deux contributions, quand d'autres débordent. Quand on les feuillette, on remarque que certaines personnes ont imprimé leurs doléances chez eux avant de les glisser dans le cahier, quand d'autres ont pris le temps d'écrire, parfois sur plusieurs pages. À Bartrès, un village de 500 habitants dans les Hautes-Pyrénées, près d'une cinquantaine de personnes ont participé. "Il y avait des citoyens qui n'étaient jamais venus à la mairie qui sont venus pour écrire. Les gens ont été très intéressés par ces cahiers", relève le maire Gérard Clave.
Pêle-mêle, on y évoque le référendum d'initiative citoyenne, le nombre de parlementaires, l'ISF, mais aussi des problèmes beaucoup plus locaux. À Cauterets, par exemple, une petite commune de montagne, des habitants demandent à être déneigés plus souvent. Beaucoup s'inquiètent également de la disparition des services publics. "On ferme des trésoreries, des bureaux de poste, des écoles… nos territoires ruraux de montagne se sentent abandonnés par l'Etat", déplore ainsi Viviane Artigalas, sénatrice (PS) des Hautes-Pyrénées.