Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, a prévenu mardi la maire PS de Paris Anne Hidalgo qu'elle ne pouvait "pas faire cavalier seul" sur l'éventuelle gratuité des transports dans la capitale. De son coté, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a remarqué qu'il y a toujours "à la fin quelqu'un qui paie" pour la gratuité.
Condition n°1 : ne pas faire perdre d'argent à Ile-de-France Mobilités. "Je suis ouverte à toutes les idées neuves, d'où qu'elles viennent. Évidemment, il faut étudier cette question. Pourquoi pas ?", a déclaré sur Radio Classique Valérie Pécresse qui a toutefois aussitôt posé "deux conditions". "D'abord, il ne doit pas y avoir un euro en moins de recettes pour Ile-de-France Mobilités [l'ex-syndicat des transports d'Ile-de-France, Stif]. Aujourd'hui, la priorité des priorités, c'est la modernisation des transports", a-t-elle souligné.
"Or la vente des tickets, ça rapporte trois milliards d'euros à Ile-de-France Mobilités chaque année. Donc il faut trouver ces trois milliards. Si ce ne sont pas les voyageurs qui paient, ce seront les contribuables qui paieront d'une manière ou d'une autre", a ajouté l'ancienne ministre.
Condition n°2 : aucune différence entre Parisiens et banlieusards. "Deuxième condition" mise en avant par Valérie Pécresse, le fait qu'il n'y ait "pas d'inégalité entre les Parisiens et les habitants de la banlieue". "Ce serait totalement injuste et ce serait totalement inefficace", a-t-elle insisté. "Là-dessus comme sur tous les sujets transports, la Ville de Paris ne peut pas faire cavalier seul", a-t-elle mis en garde.
"Vous imaginez bien que la pollution est largement importée à Paris. Donc, si on fait la gratuité des transports à Paris pour les Parisiens, ça n'aura pas d'impact sur la baisse de la pollution puisque ce sont les Franciliens qui, la plupart, prennent leur voiture pour venir à Paris", a-t-elle fait valoir. "Il faut coordonner cette réflexion et, bien entendu, Ile-de-France Mobilités y participera", a ajouté Valérie Pécresse.
"Je ne connais pas de service qui soit entièrement gratuit", assure Griveaux. De son côté, Benjamin Griveaux a remarqué le même jour qu'il y a toujours "à la fin quelqu'un qui paie" pour la gratuité, s'interrogeant aussi sur le "caractère électoraliste" d'une telle mesure. "La gratuité, à la fin, il y a toujours quelqu'un qui paie. Je ne connais pas de service qui soit entièrement gratuit", a-t-il déclaré sur France Inter, en notant qu'"on peut le financer, c'est parfaitement légitime, par l'impôt, par des taxes, par un mécanisme qui permette de dire que demain on circulera gratuitement".
Le porte-parole du gouvernement, auquel beaucoup prêtent des ambitions municipales à Paris, a par ailleurs suggéré aux trois élus parisiens mandatés pour étudier la faisabilité du mécanisme d'"aller rencontrer la région Ile-de-France qui est compétente sur le sujet".
Une mesure électoraliste ? Disant avoir "toujours un doute sur le caractère électoraliste ou pas" d'une telle mesure, Benjamin Griveaux a remarqué que la proposition intervenait au moment où Anne Hidalgo "sort un livre programme, un livre bilan, et où on sait qu'aujourd'hui elle est la candidate déclarée à la mairie de Paris à sa propre succession en 2020".