La grève à l'appel de tous les syndicats de la RATP a fortement perturbé jeudi la circulation des métros et RER parisiens, un impact qui contrastait avec la faible mobilisation de la journée d'action nationale organisée en parallèle par la CGT. La centrale syndicale a comptabilisé "plus de 100.000" manifestants en France, le ministère de l'Intérieur 30.400. C'est certes supérieur aux chiffres de la journée d'action du 27 octobre, organisée en pleines vacances scolaires : la police avait recensé 14.000 manifestants en province et 1.360 à Paris, la CGT ne donnant pas de chiffre.
Mais les chiffres sont nettement inférieurs à ceux de la mobilisation du 18 octobre (300.000 manifestants en France selon la CGT, 107.000 selon le ministère de l'Intérieur). En revanche, les usagers des transports en Ile-de-France ont dû faire face à une situation très perturbée. Même si le chaos a été évité dans la matinée en Ile-de-France, où beaucoup de salariés avaient visiblement suivi les recommandations de faire du télétravail. D'autres ont choisi la marche, le vélo, la voiture ou un jour de congé.
Difficultés bien présentes en début de soirée
Les difficultés étaient toujours bien présentes en début de soirée. "J'avais compris que la ligne 3 devait marcher dans l'après-midi. J'ai dû mal regarder. Je vais marcher", dit, résignée, Sophie Gauthier, cadre rencontrée rue Réaumur, dans le centre de Paris, qui devait encore prendre un train gare Saint-Lazare, à quatre stations de là. Cinq lignes étaient fermées (2, 8, 10, 11 et 12), les autres ne roulant qu'aux heures de pointe, avec un service fortement dégradé.
L'ensemble des syndicats (CGT, FO, Unsa, Solidaires) de la RATP avaient appelé de longue date à la mobilisation pour demander des hausses de salaires et une amélioration des conditions de travail. Parallèlement, la CGT avait organisé, seule, cette nouvelle journée nationale de mobilisation interprofessionnelle sur les salaires, même si dans certains départements elle était rejointe par la FSU et Solidaires.
"Il y a un vrai problème de pouvoir d'achat dans ce pays, il n'y a qu'en augmentant les salaires qu'on pourra le régler", a martelé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, dans le défilé de Nîmes, où il s'était rendu à la rencontre des grévistes du CHU. Mais peu de personnes sont descendues dans la rue. La police a compté un millier de manifestants à Lyon, 650 à Lille, 300 à Bordeaux. A Paris, ils étaient 10.000 selon la CGT, 2.400 selon la police.
Roussel appelle à "réoccuper les ronds-points"
À Lille, Léonie Cornette, 20 ans, étudiante en histoire de l'art, mégaphone sous le bras et casquette en jeans avec "CGT" dessus, reconnait une mobilisation "un peu décevante sur les dernières dates". Mais "les salaires n'augmentent pas, les bourses non plus. Certains étudiants interrompent leurs années en cours parce qu'ils n'ont plus les moyens", s'indigne-t-elle. Patricia Champ, retraitée de 67 ans dans le défilé à Lyon, réclame "l'indexation des bas salaires ou des retraites". "Moi, c'est surtout pour les légumes (...) Les salades, les tomates, les courgettes, ça a presque doublé", dit-elle.
Présent dans le cortège parisien, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a appelé les salariés à "réoccuper les ronds-points et l'espace public". Le député du Nord a "regretté que l'on ne soit pas tous ensemble". Le secrétaire général de Force Ouvrière, Frédéric Souillot, n'avait en effet pas appelé à cette mobilisation nationale, critiquant ces journée d'action "saute-moutons". Il a cependant fait le déplacement à la RATP pour soutenir ses troupes majoritaires parmi les conducteurs et a salué "une mobilisation pleine et entière".
Hausses de salaires et conditions de travail
Les syndicats représentatifs (CGT, FO et Unsa) de la régie parisienne revendiquent en priorité des hausses de salaires mais aussi une amélioration des conditions de travail et des recrutements. "Aujourd'hui c'est un gros coup de semonce et on espère qu'ils vont l'entendre", a déclaré le secrétaire général de la CGT-RATP, Bertrand Hammache.
La RATP n'envisage pas de nouvelle hausse de salaire dans l'immédiat (+5,2% en 2022 selon la direction) mais Jean Castex, dont la nomination à la tête de la régie a été validée par le Parlement mercredi, a fait savoir qu'il ouvrirait des négociations dès le mois de décembre. Autre motif de mobilisation : la future réforme des retraites avec un report possible de l'âge légal de départ et la fin des régimes spéciaux.