À chaque annonce de grève visant des dépôts de carburant, comme c'est le cas pour la mobilisation des salariés du transport routier, lundi, le refrain est connu : nombre d'automobilistes cherchent à tout prix à éviter une pénurie et se précipitent sur les stations-service des environs, créant par endroits de très longues files d'attente.
Cinq fois plus de pleins en mai 2016. Lors du dernier mouvement de grève contre la loi El Khomri, en mai 2016, la consommation de carburant avait augmenté de 17% alors que les gens n'avaient pas roulé plus que d'habitude. Il y avait eu jusqu'à cinq fois plus de pleins qu'en temps normal dans certaines stations. Tout le monde se rue à la pompe alors qu'en temps normal les automobilistes font en moyenne un plein tous les 15 jours, et c'est ce mouvement de panique qui accélère la pénurie. Une station-service dispose d'une autonomie de 2 à 3 jours, jusqu'à 5 jours sur les autoroutes. Pour faire face à une demande supérieure à la normale, elles ont toutes fait le plein avant lundi.
Plus de 200 dépôts en France. Plusieurs éléments permettent pourtant de relativiser une éventuelle pénurie : les routiers bloquent la sortie des raffineries, mais le pétrole peut également sortir par des oleoducs, par exemple. Et s'ils bloquent plusieurs dépôts de carburants, il y en a quand même 200 répartis dans toute la France. La vraie question qui se pose est la suivante : les grévistes sont-ils suffisamment nombreux pour empêcher pendant plusieurs jours la livraison entre les dépôts non-bloqués et les stations-service ?