Guadeloupe : Europe 1 est allée à la rencontre des insurgés
La situation reste tendue dans les Antilles françaises. La soirée a encore été marquée par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre en Guadeloupe. Les opposants au pass sanitaire ne désarment pas et occupent plusieurs barrages. Après une nouvelle soirée d'affrontements en Martinique, le préfet vient d'instaurer un couvre-feu de 19 heures à 5 heures du matin. Pour le moment, aucune date de sortie n'est envisagée. Il sera levé lorsque les autorités estimeront que la paix sociale est revenue.
Le préfet de Martinique a décidé jeudi d'instaurer un couvre-feu face aux violences urbaines nocturnes dans l'île, qui connait comme sa voisine la Guadeloupe un mouvement de protestation, né d'un refus de l'obligation vaccinale des soignants mais qui a dégénéré en crise sociale. Après une nouvelle nuit de tensions aux Antilles, notre envoyé spécial en Guadeloupe d'Europe 1 est allé à la rencontre des insurgés.
Avec ses deux mains, Loïc lève la poutre métallique qui fait office de barrière posée sur deux carcasses de voitures calcinées. Cet homme cagoulé laisse passer quelques véhicules au compte-goutte sur ce rond-point stratégique qui relie le nord et le sud de l'île. "Ça fait deux semaines que je ne travaille pas, que je ne peux pas aller au boulot", dit-il, avec colère, avant d'ajouter : "Je ne peux pas concevoir qu'il y ait d'autres personnes qui puissent aller travailler". Malgré, le paradoxe de son geste, il l'estime juste. "On se bat pour eux, c'est pour une bonne cause qu'on le fait, c'est pour tout le monde et ce n'est même pas pour nous mais pour nos enfants"
Des négociations au point mort
C'est un point commun entre tous ces grévistes. Ils parlent tous spontanément de leurs enfants, comme Christelle, qui dort ici depuis quatre jours et qui exprime son désarroi au micro d'Europe 1. "Moi, ce qui me chagrine, c'est qu'en 2009, j'étais déjà là. On est en 2021. Mon fils de 20 ans se retrouve sur le même rond-point en train de revendiquer et je me dis on a un problème. Peut-être qu'en 2030, ce seront encore ses enfants".
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Yann, lui aussi évoque son fils. Il sait qu'il devra quitter l'île un jour. "On n'a pas le choix. Là, il faut voir si mon fils fera un départ vers le Canada pour continuer à vivre. Éventuellement, acheter une maison. Ici, ce n'est pas possible", raconte-t-il, désabusé. La Guadeloupe estime que près de la moitié des jeunes quittent l'île après le bac et que les trois quarts ne reviennent jamais.
Pour le moment, les négociations sont au point mort. L'intersyndicale indique avoir "claqué la porte" de la réunion avec les représentants du gouvernement et les autorités locales.