Édouard Philippe arrive samedi en Guadeloupe. Le Premier ministre va clôturer la première conférence internationale consacrée aux sargasses, cette algue brune qui s’échoue par tonnes sur les plages des Caraïbes depuis bientôt dix ans.
Les émanations toxiques d'hydrogène sulfuré de ces algues sont une préoccupation majeure de santé publique en Guadeloupe. Mais il s’agit également d'un enjeu économique puisque le secteur du tourisme a perdu cinq millions d’euros par an au plus fort de la crise. L’objectif de cette conférence est donc d’anticiper la venue de ces algues mais aussi de mettre en place des solutions pour les ramasser et les traiter, voire les recycler.
Dans ce domaine, l’idée assez originale d’une équipe de chercheurs 100% guadeloupéens a été retenue par les autorités : utiliser ces sargasses pour lutter contre un autre fléau qui ravage l’île, à savoir la pollution au chlordécone, un pesticide qui a contaminé les sols et les cours d’eau pour plusieurs centaines d’années.
Du charbon pour filtrer les eaux polluées
Une fois cuites dans un four à 600 degrés, ces algues deviennent du charbon. En filtrant l’eau, ce charbon actif retient les pesticides, tel que le chlordécone. Sarra Gaspard, professeure de chimie à l’université des Antilles a eu cette idée avec ses collègues guadeloupéens en voyant des tonnes d’algues s’échouer sur les plages de son île.
"On s’est dit que l’on allait travailler à la transformation de ces algues en charbon actif. Ce sont des matériaux utilisés pour la dépollution de l’eau. Pour le moment, avec les charbons de sargasses, on arrive à séquestrer à peu près 80% du chlordécone", explique cette scientifique au micro d’Europe 1. "On a fait la démonstration que le concept fonctionnait."
Le projet de Sarra Gaspard a été largement remarqué parmi les 21 proposés. Elle ne connait pas encore le montant du financement qui lui sera alloué, mais la chercheuse espère passer à grande échelle dans l’année qui vient.