"Quand on est soi-même victime de ça et que sur le coup on s'en rend pas compte, c'est très difficile d'en prendre la mesure, de se dire qu'on fait partie de ce cas-là", explique Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale, au micro d'Elisabeth Assayag.
Invitée ce mercredi dans La France Bouge à l'occasion de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire, elle a révélé avec émotion avoir été harcelée durant sept longues années, de la primaire à la classe de première. "J'ai fait ma scolarité en vivant mon isolement comme une fatalité", et n'a pris conscience de sa position que "beaucoup plus tard." Pour elle, "on se replie dans ses livres, on se débrouille autrement, on ferme les yeux et on n'en parle pas."
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"Il faut continuer" le combat contre le harcèlement scolaire
"C'est compliqué d'être seul dans une école alors qu'on n'a pas vocation à être seul dans une école. Et puis après, j'ai des enfants aussi qui en ont été victimes", poursuit la ministre de l'Éducation nationale au micro d'Europe 1. "Pour l'un d'entre eux, on a dû le changer d'établissement, donc c'est assez quand même violent. Je ne regrette pas parce que je les ai sauvés tous les quatre et qu'ils vont bien aujourd'hui, qu'ils sont équilibrés et que tant mieux pour eux, qu'on était sans doute des parents attentifs, mais peut-être pas suffisamment à certains moments", admet Anne Genetet.
Elle rappelle également durant son intervention que "ce n'est pas facile de le repérer et d'accompagner" les enfants victimes de harcèlement. Une lutte contre un phénomène bien trop présent en France, et dont la résolution demeure complexe. "Il faut continuer" le combat, selon la ministre. "C'est un combat qui ne lâchera pas parce que je pense que le harcèlement est aussi quelque chose de très intrinsèque hélas, à la nature humaine, et que tant mieux qu'on ait tous ces dispositifs, mais il ne faudra jamais lâcher, jamais baisser la garde."