Après le suicide fin octobre de Dinah, une collégienne de 14 ans, de nombreuses voix se sont élevées contre l'inaction des pouvoirs publics contre le harcèlement scolaire. Expérimentée dans six académies depuis deux ans, la "méthode de préoccupation partagée" a pour but d’intervenir sur les cas de harcèlement dits "faibles" avant qu’ils ne dégénèrent. Une méthode efficace au collège dans les classes de sixième et de cinquième. À l'occasion de la journée nationale de lutte contre ce phénomène, Europe 1 a assisté à une formation donnée à Paris, dans le collège Françoise-Seligmann.
Faire prendre conscience de la souffrance du harcelé
L'idée de la méthode, c’est de réagir vite, en 15 jours, sans blâmer les harceleurs mais en les amenant à leur faire prendre conscience de la souffrance du harcelé. Tous les élèves sont inclus dans la résolution de la situation. La victime, elle, est reçue en amont, plus longuement. Les harceleurs le sont aussi, mais là, les entretiens sont très courts. C'est tout le travail mené dans cet atelier auprès de profs, surveillants et infirmières scolaires.
"Soit vous avez l'élève qui dit 'moi j'ai rien fait'. Ou alors, timidement, qui reconnaît le malaise de la cible mais qui refuse d'admettre que l'origine [du malaise] est dans l'établissement ou dans la classe. Dans ce cas-là, vous mettez fin à l'entretien", explique le formateur, Licinio Texeira, au personnel du collège.
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"On évite le tout répressif"
Au cours des rendez-vous, il faut que les harceleurs proposent des solutions pour améliorer le quotidien de la victime. Manger avec lui à la cantine par exemple, ne plus le laisser seul. La méthode séduit les professeurs. "On évite le tout répressif comme c'est un peu trop le cas actuellement dans l'ensemble de la société et à l'école", déplore Nathalie, professeure de lettres dans ce collège parisien.
Grâce à cette méthode, 80% des situations de harcèlement de l'établissement ont pu être résolues. Mais attention, elle ne s'applique pas dans tous les cas. Par exemple, en cas de violence physique, d’injure raciste, antisémite ou homophobe, des sanctions doivent être prises.