Près d'un mois après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime), les sénateurs de la commission d'enquête sénatoriale se rendent dans la cité normande, jeudi matin. Avant son déplacement, le président de la commission, le sénateur centriste Hervé Maurey, était interrogé par Hélène Zelany dans la matinale d'Europe 1. Sa priorité ? "Faire la lumière sur ce qu'il s'est passé à Rouen et comprendre s'il y a eu un certain nombre de dysfonctionnements", détaille l'élu de l'Eure. Plus de 9.500 tonnes de produits chimiques avaient brûlé sur ce site classé Seveso.
Un premier constat pour "faire des recommandations"
Hervé Maurey et ses collègues comptent tenter "de mesurer les conséquences [du sinistre] en termes économiques, en terme environnemental et en termes de santé publique" et "pouvoir faire des propositions et des recommandations par rapport à l'ensemble des sites Seveso en France", soit 1.300 installations industrielles. Il évoque notamment des changements éventuels "dans la réglementation" ou "les dispositifs d'alarme".
La Commission d'enquête planchera pendant six mois sur les circonstances de l'incendie. "La première des choses est d'aller sur place, indique Hervé Maurey, voir les lieux, rencontrer les acteurs qui étaient sur le terrain au moment de la catastrophe, les premières victimes, les responsables de l'entreprise."
Lubrizol devra fournir "les expertises" prouvant qu'il n'y a pas de danger
L'incendie, le 26 septembre, suivi d'un lourd panache de fumée noire et d'odeurs nauséabondes, avait suscité l'inquiétude des Rouennais. Mardi, les sénateurs avaient déjà auditionné le PDG américain de Lubrizol, Eric Schnur. Lequel avait tenu à rassurer les locaux, assurant que la fumée ne présentait aucun risque pour la santé. Des propos que le PDG avait répété le lendemain au micro d'Europe 1. "L'impact de la fumée à court et long terme dépend des produits qui ont brûlés. 90% de ce qui a brûlé est de l'hydrogène et du carbone, des produits à faible toxicité", avait-il déclaré.
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Hervé Maurey, lui, attend plus d'informations pour en être convaincu. "C'est très bien de dire, comme il l'a dit, qu'il n'y a pas plus de danger que lorsqu'une maison brûle. On a quand même un peu de peine à le croire, indique-t-il. Si c'est le cas, eh bien qu'il fournisse - c'est ce qu'on lui a demandé et donc il devra le faire - les analyses et expertises qui lui permettent d'affirmer cela." Et de lancer un avertissement en direction de l'entreprise : "Il nous fait un peu plus que des paroles pour croire ce genre d'allégations."