Nous sommes la nuit du lundi 17 au mardi 18 janvier 2022 à Toulon. Au terme d'une intervention au domicile d'un patient, un soignant de SOS Médecins est victime d'une agression alors qu'il regagnait son véhicule. Un épisode qui avait entraîné la suspension des consultations au sein de l'antenne régionale de SOS Médecins et qui marquait les prémisses d'une année noire. En 2022, le nombre de violences commises à l'encontre du personnel médical a bondi de 23% par rapport à 2021, selon une enquête de l'Observatoire de la sécurité des médecins, publiée ce mardi.
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À Mulhouse dans le Haut-Rhin, un incident similaire avait ému la communauté médicale en août 2022. "Un médecin de SOS Médecins qui était en intervention s'est retrouvé sur le palier face à une personne équipée d'une arme à feu. Il s'est retrouvé avec deux tirs dans la cuisse qui lui ont provoqué des lésions", rappelle le docteur Jean-Jacques Avrane, délégué de l'Observatoire en charge de l'enquête. La condamnation du coupable à cinq ans de prison ferme n'a, visiblement, pas suffi à enrayer cette sombre dynamique.
Les médecins généralistes sont les plus touchés
Représentant 71% des victimes, les médecins généralistes sont les plus concernés d'après l'enquête. S'agissant des professionnels spécialisés, ce sont les psychiatres qui, sans surprise, essuient le plus grand nombre d'agressions. Arrivent ensuite les cardiologues puis les gynécologues. À noter également que les femmes médecins subissent davantage d'attaques que les hommes. Dans 80% des cas, les professionnels doivent affronter des agressions verbales ou bien des menaces. Mais certains patients, dans 7% des situations, peuvent aussi s'en prendre physiquement aux médecins.
Par ailleurs, des différences sont observables selon le lieu où le praticien exerce. Plus de la moitié des incidents ont lieu en centre-ville et l'Ordre des médecins rapporte que les incivilités touchent essentiellement les Hauts-de-France et l'Île-de-France. Des agressions qui demeurent sous évaluées, selon le rapport, puisque seuls un médecin sur trois a déposé plainte sur les 1.200 incidents déclarés.