Les projets immobiliers des Français guidés par la loi Climat et Résilience ? C'est en tout cas ce que tend à démontrer le groupe SeLoger qui s'appuie notamment sur une étude d'opinion menée par OpinionWay auprès de 5.000 Français. La société spécialisée dans la diffusion d’annonces immobilières sur internet révèle ainsi une hausse spectaculaire du nombre de passoires thermiques sur le marché immobilier en 2022.
Ces logements particulièrement énergivores (classés G+) sont interdits à la location depuis le 1er janvier 2023 mais représentaient 19,2% des biens mis en vente en 2022. Un chiffre en hausse de huit points par rapport à 2020. "Il est important de noter que le nouveau mode de calcul et l'obligation de renseigner la classe DPE dans les annonces de biens en vente ont contribué à cette augmentation", nuance toutefois Thomas Lefebvre, directeur scientifique de SeLoger.
Crédit : SeLoger
Le prix des passoires thermiques devrait continuer à baisser
L'étude met toutefois en lumière d'importantes disparités selon les régions. Ainsi, à Paris, 37% des logements mis en vente étaient des passoires thermiques en 2022 contre seulement... 4% à Marseille. Par ailleurs, ces biens très gourmands en énergie, résistent à la hausse globale des prix de l'immobilier constatée depuis juillet 2021. Le tarif des passoires thermiques a en effet augmenté de 3,7% sur la période contre 6,5% pour les autres logements.
Leurs prix ont également tendance à chuter davantage. À Paris, par exemple, ils sont en baisse de 3,7% contre 2,7% pour l'ensemble du parc immobilier de la capitale. Une dynamique qui devrait se confirmer en 2023. "On sait que le marché français rentre dans un cycle plutôt atone. Le prix des passoires devrait donc baisser dans les 12 prochains mois", indique Thomas Lefebvre au micro d'Europe 1.
Le DPE : un levier de négociation
Par ailleurs, 40% des futurs acheteurs considèrent qu'un mauvais diagnostic de performance énergique (DPE) peut constituer un levier de négociation sur le prix du bien en question. Un tarif déjà bien souvent revu à la baisse, à en croire Thomas Lefebvre. "On le voit même dès maintenant sur les mises en vente en 2022, on observe que les vendeurs de passoires énergétiques mettent leurs biens en vente 4% moins cher. Donc on a déjà cette décote qui se fait au niveau des vendeurs", confirme-t-il à Europe 1.
Enfin, SeLoger met l'accent sur la diminution du volume de biens proposés à la location ces derniers mois. Selon le groupe, ce phénomène pourrait s'expliquer par l'augmentation des taux d'intérêt qui freine les projets d'achat immobilier. "On empruntait à 1% début 2000, on est à 3% aujourd'hui. Pour garder le même pouvoir d'achat, il faudrait que les prix s'ajustent de 20% ce qui n'est évidemment pas le cas. Et donc cela explique pourquoi de plus en plus de locataires restent en place dans leur location", conclut Thomas Lefebvre sur Europe 1.