Les établissements comme le bar de Rouen où un incendie a fait au moins 13 morts, sont soumis à une réglementation rigoureuse aussi bien pour les matériaux que la configuration des lieux. Des consignes qui peuvent parfois être contournées par certains propriétaires. Ces établissements recevant du public (ERP) sont encadrés par une réglementation déterminée par leur type (salle polyvalente, hôpital, hôtel, bar, etc.) et le nombre de personnes qu'ils accueillent.
Les dalles de polystyrène au plafond interdites. Matériaux constitutifs (revêtement mural et au plafond, mobilier), éclairage de secours, normes électriques, nombre d'issues de secours... : les établissements doivent respecter de nombreux critères pour correspondre aux exigences de sécurité. Selon l'endroit (sol, mur, plafond, escalier, couloir), on ne peut utiliser n'importe quel type de matériau, certains doivent être résistants au feu. "Les dalles de polystyrène au plafond ont ainsi été bannies", rappelle la DGSCGC. Mais certains plastiques ou nylons sont autorisés. "Ca n'est pas du tout la même réglementation pour un hôpital qui va accueillir 3.000 personnes et une boulangerie", explique-t-on à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (la DGSCGC, qui dépend du ministère de l'Intérieur). Quant aux bougies, la DGSCGC indique que "globalement, les flammes sont interdites en dehors des cuisines", mais les gâteaux d'anniversaire "neuf fois sur dix, ne posent pas de problème".
Extincteur et dégagements. Cette réglementation, "beaucoup plus rigoureuse que lorsque vous construisez votre maison", est fixée par l'arrêté du 25 juin 1980, en permanence modifié, sur les "dispositions générales du règlement de sécurité contre les risques d'incendie et de panique dans les établissements recevant du public ". Les débits de boisson de la taille de celui de Rouen doivent par exemple être dotés "d'au moins un extincteur portatif", leurs "dégagements (portes, couloirs, circulations, escaliers, rampes) doivent permettre l'évacuation rapide et sûre de l'établissement". Mais le principe de réalité s'applique aussi : "évidemment s'il vous manque dix centimètres de largeur dans un couloir et que vous ne pouvez pas faire autrement, on mettra en place des mesures compensatoires, très contraignantes, comme des systèmes qui permettent de détecter de manière très précoce un incendie", précise-t-on à la DGSCGC.
Une réglementation parfois contournée. Pour faire respecter cette réglementation, des commissions de contrôle, sous l'égide des préfectures, sont mises en place, avec des visites de sécurité à l'issue desquelles sont émis des avis favorables ou défavorables à la poursuite de l'exploitation. "Malheureusement il y a toujours des gens qui tentent de contourner la réglementation entre deux visites de sécurité - parfois programmées, parfois inopinées", commente-t-on à la DGSCGC. Une petite boulangerie dont la vitrine donne directement sur la rue, pouvant accueillir maximum cinq personnes, sera rarement contrôlée à nouveau, si elle respectait les conditions de sécurité après son ouverture, ajoute-on. La sentence est claire : c'est la fermeture de l'établissement s'il y a un danger quelconque.