"Une culture de relativisation." Delphine Batho, présidente de Génération écologie, et ancienne ministre de l’Ecologie, a pointé du doigt mardi sur Europe 1 la "minimisation du risque et ce que subissent les habitants" de Rouen suite à l'incendie de l'usine Lubrizol. "La parole des autorités s'est petit à petit affaiblie et discréditée en ne rendant pas un certain nombre d'informations."
L'ancienne ministre s'est cependant réjouie de la publication prévue mardi soir de la liste et de la quantité des produits ayant brûlé dans l'incendie. "Une étape a été franchie", a-t-elle estimé. "A partie de là, on pourra travailler sur les mesures à prendre pour la santé de la population."
"Relativisation" du risque
Pour Delphine Batho, la communication du gouvernement n'est pas basée sur un "mensonge délibéré" mais plutôt sur une "culture de la relativisation". "Les locaux de France 3 évacués et les enfants qui quittent l'école car ils sont incommodés par les odeurs, ce n'est pas cohérent avec le message des autorités." Il faudrait "tout mettre sur la table", a-t-elle estimé, "à la fois ce que les autorités savent et ce qu'elles ne savent pas".
"Changer l'appréhension du risque sanitaire"
La manière de communiquer de l'Etat que fustige l'ancienne ministre ne concerne pas, selon elle, le gouvernement actuel davantage que les précédents. "Il se serait passé la même chose avec n'importe quel gouvernement", souligne-t-elle. "Il y a ici quelque chose de profond, que j'ai moi-même vécu." En 2013, lorsqu'elle occupait la fonction de ministre de l'Environnement, Lubrizol avait déjà subi une fuite de gaz, qui avait fait l'actualité. "La conclusion, c'était qu'il fallait changer appréhension du risque sanitaire. Un risque sanitaire, ce n'est pas juste la toxicité aiguë."