À La Teste-de-Buch comme à Landiras, il est désormais temps de penser à replanter les 20.800 hectares de pinède partis en fumée. Le président Emmanuel Macron a suggéré de replanter, mais en respectant certaines règles. Faut-il planter des pins, qui sont très inflammables, ou d'autres essences ? Ce n'est pas la seule question posée, il faut aussi prendre en compte le changement climatique si l'on veut éviter d'autres catastrophes.
Aménager des zones humides entre les parcelles
Face au risque d'incendie qui augmente, il est essentiel d'aménager des zones humides entre les parcelles, explique Christophe Plomion, de l'Institut de recherche agronomique à Bordeaux. "On peut penser aux cours d'eau et à leurs formations forestières constituées d'aulnes, de peupliers noirs, donc des feuillus et ainsi que des îlots, notamment de chênes, qui sont moins inflammables que les pins maritimes plus secs."
Mélanger les espèces d'arbres limite aussi les dégâts des tempêtes, des sécheresses, des invasions d'insectes et de champignons qui augmentent avec le changement climatique. "Le fait d'avoir plusieurs espèces va assurer une certaine forme d'assurance en contexte de changement", décrypte Jonathan Lenoir est ingénieur forestier au CNRS. "Parce que si jamais une espèce ne supporte pas le changement, il y aura d'autres espèces qui vont peut-être prendre le relais et même peut-être bénéficier de ces changements."
Un impératif économique
Mais garder une importante surface de pins est indispensable, car il y a un impératif économique, précise Christophe Plomion. "C'est 25% du bois que la France produit et c'est la seule espèce d'arbre à pouvoir se développer sur ces sols qui sont parmi les plus pauvres de la planète."
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"Pour produire la quantité de bois nécessaire, on parle de huit millions de mètres cubes par an, le pin maritime est et restera l'espèce de reboisement dominante dans le sud-ouest de la France. En terme d'inflammabilité, ce n'est pas la panacée", conclut-il.
Faut-il intervenir ou laisser faire la nature ?
"La première option, c'est la régénération naturelle qui est plutôt pratiquée dans le sud-est de la France et qui vise à laisser finalement la nature reprendre ses droits. C'est-à-dire que l'on va jouer sur le stock de graines que l'on trouve dans le sol, par exemple des pins, et notamment en région méditerranéenne de pins d'Alep, qui va recoloniser naturellement le milieu sans qu'on ait besoin de planter", détaille Thierry Gauquelin, professeur émérite à l'académie d'Aix-Marseille.
"La deuxième option, c'est la plantation. C'est-à-dire que d'une façon plus artificielle, on va planter des jeunes plants, des pins et des chênes verts ou pubescents arbousiers de façon à diversifier le milieu. Sachant aussi qu'il faudra tenir compte du fait que le climat dans 20 ou 30 ans ne sera plus le même. Donc, il faut réfléchir à des espèces adaptées au climat futur."