"On est encore dans une phase de sensibilisation et de pédagogie". Oscar Allagbe, 35 ans, gardien d’immeuble d’une résidence qui compte 85 locataires, est habilité depuis la mi-décembre à verbaliser les incivilités dans la résidence qu’il surveille. Il a suivi une formation sur trois jours pour devenir garde particulier assermenté (GPA). Il peut désormais sanctionner des infractions comme le vol, la casse ou le tapage nocturne mais aussi les jets de déchets sauvages et l’encombrement des parties communes, "le problème le plus récurrent", selon lui.
Les habitants partagés
Lors de sa tournée quotidienne ce mardi, Oscar Allagbe ne tarde pas à découvrir un seau, un balai, une planche qui encombre le pallier. Il sonne chez Hatika. Depuis son assermentation, il n’a pas encore verbalisé. L’heure est à la pédagogie. "C’est combien, le dépôt de déchets ? Je n’ai pas bien lu par rapport aux amendes" s’enquière Hatika, pétulante quarantenaire, locataire depuis quatre ans dans l’immeuble. Ici, l’amende peut monter jusqu’à 135 euros.
Dans le voisinage, on ne s’est pas encore passé le mot. Émilie reste dubitative : "Je ne pense pas que cela soit son rôle. Un gardien est là pour protéger ses voisins, prendre les colis…". Et justement Nasser, 55 ans, père de famille, passe à la loge en récupérer un. L’occasion d’échanger sur le dispositif : "Ça peut nous amener de la tranquillité", assure le résident. "Il faut prévenir d’abord, puis sanctionner", poursuit-il avant de s’inquiéter : "Mais, quid des représailles ?".
"Quand vous touchez les gens au porte-monnaie, ça calme les ardeurs"
L’effet recherché est avant tout dissuasif. "Dans un second temps, si le message n’a pas été entendu, et on peut verbaliser", explique le garde assermenté. "Quand vous touchez les gens au porte-monnaie, ça calme les ardeurs. Ça me permet juste d’être plus efficace sur le terrain, dans l’exercice de mes missions", poursuit-il. Car Oscar Allagbe – qui a aussi une formation à la médiation - ne compte pas jouer les shérifs.
"Je ne suis pas là pour faire la police, non plus. Si je me sens en danger ou si je sens que ma famille est menacée, je ne verbalise pas. Il a d’autres recours pour résoudre les problèmes". Les dépôts de plainte, la médiation de Paris Habitat par exemple. D’après le bailleur, depuis le début de l’expérimentation, les incivilités auraient diminué de plus 50% dans certaines résidences.