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Stéphane Burgatt (correspondant à Marseille) / Crédit photo : Christophe SIMON / AFP
Six ans tout juste après le drame de la rue d'Aubagne, s'ouvre un long et attendu procès qui sera couvert par une centaine de journalistes et traduit en trois langues. Un drame pour la ville phocéenne, lors duquel huit sont morts dans l'effondrement de deux immeubles à Marseille.

16 prévenus. Élu, expert, syndic de copropriété, bailleur social ou encore propriétaires appelé à la barre, pour répondre à cette question : quelle fut la chaine des responsabilités ? Habitant d'un de ces immeubles, Imane est un rescapé. Il est parti tôt au matin de ce 5 novembre 2018, Mais sa mère n'a pas eu cette chance. Elle était dans l’appartement après avoir amené son petit frère à l’école. "Je me considère miraculé parce que ça s’est joué à quelques minutes" estime-t-il.

"Tous les problèmes qu’on rencontrait dans l’immeuble, on les faisait remonter. On avait le syndic qui habite à deux pas. Ils ne venaient même pas constater les dégâts, mais pour venir chercher le loyer, il y avait toujours quelqu’un", déplore-t-il.

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Devant l'ancien emplacement des deux immeubles effondrés, un panneau est désormais affiché : "Habitants dignes face à l'indigne". Crédit photo : Stéphane Burgatt

Un immeuble pourtant évacué trois semaines auparavant

Sur le lieu des effondrements, ne reste aujourd’hui qu'une dent creuse, afin ne pas oublier les huit victimes. C'est pourquoi la fondatrice de l’association "Marseille en colère", Kaouther Ben Mohammed, attend des peines exemplaires. "L’immeuble avait bougé. Il y avait des bruits de craquements, des fissures. Lorsque les pompiers sont venus, trois semaines avant l’effondrement, ils ont refusé de passer par la cage d’escalier et ont évacué tout le monde par l’échelle. Et quand on sait que la ville de Marseille a décidé de faire ensuite réintégrer ces personnes, on ne peut parler que de négligences, voire d’homicide involontaire et de mise en danger délibérée de la vie d’autrui" s’offusque cette militante qui vient en aide aux nombreuses victimes de marchand de sommeil. 

Des liens avec les filières d’immigration clandestine

Car ce drame a également révélé l'ampleur de l'habitat indigne à Marseille et au-delà. Vingt-cinq marchands de sommeil ont ainsi été condamnés ici ces quatre dernières années. Mais le procureur veut aller plus loin que la chasse aux marchands de sommeil : "il y a les copropriétés des quartiers nord qui permettent le refuge de nos narco-trafiquants.

Les problématiques marseillaises liées à la pauvreté et la misère se touchent quelque part" analyse Nicolas Bessonne, qui aimerait travailler également avec la police aux frontières : "nous subodorons très fortement qu’il existe également des filières d’habitat indigne adossées à des filières d’immigration clandestine, dans cette logique d’exploiter la misère humaine". Sur ce dossier, la mission des magistrats ne fait que commencer.