Inégalité de carrières : "les femmes doivent sortir de leur bureau !"

Bureau femmes entreprise
© BERTRAND GUAY / AFP
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G.S. , modifié à
JOURNÉE DU DROIT DES FEMMES - Les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes. Comment peuvent-elles surmonter les inégalités au travail ?

En cette journée des Droits des femmes, commençons par se remémorer quelques chiffres : les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes (Insee), seuls 14% des postes de direction sont occupés par des femmes (CSA-KPMG) et 68% des membres des conseils d'administration des 120 plus grandes entreprises françaises sont des hommes. "Il y a toujours un plafond de verre : à un moment, la carrière des femmes stagne", déplore Carole Michelon, directrice associée de Connecting WoMEN, un cabinet de conseils pour les femmes en entreprise. Selon elle, il est certes urgent de lutter contre les stéréotypes en entreprise, mais en attendant que la société change, cette experte en mixité conseille aux femmes de "sortir de leur bureau" et de se construire des réseaux. Interview.

Que préconisez-vous aux femmes pour qu'elles progressent dans leur carrière ?

L'un des principaux freins à la carrière des femmes est le manque de réseau. Les femmes ont tendance à s'enfermer derrière leur bureau, à se réfugier dans le travail. Mais le travail et la compétence ne suffisent pas. Il faut sortir de son bureau, être audacieuse, ne pas se contenter de bosser et ronger son frein. Il faut sortir de cette position de princesse, qui consiste à attendre l'augmentation de salaire ou l'évolution de carrière comme le prince charmant.

Les hommes vont davantage aller boire des verres, faire des activités extérieures. Ils vont rencontrer des cadres, des dirigeants, de leur propre boîte ou d'ailleurs. Les femmes doivent davantage se construire une image, se rendre visible à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entreprise. Mais il faut être malin. Il faut choisir avec qui aller boire des verres pour sa carrière !

Mais comment cultiver son réseau lorsque l'on part de rien ?

Il y a par exemple des réseaux déjà existants. On ne dénombre pas moins de 450 réseaux féminins professionnels. Il faut se renseigner, lire des ouvrages sur la question. Il existe des réseaux de femmes par école, par fonction (DRH, secrétaires etc.), par secteur (high tech, industries) ou même parfois au sein des entreprises (les femmes d'Orange, des hôpitaux de Paris etc.). Il existe aussi des réseaux de femmes autour d'activité : sportives, culinaires, viticoles, d'amatrices de moto etc. Il y a à peu près tout ce que l'on veut.

Or, ces réseaux permettent de prendre confiance en soi, de nouer des contacts voire de construire des projets. Vous pourrez, par exemple, devenir experte en un secteur et participer à des conférences. Or, le meilleur moyen d'avoir une évolution de carrière, c'est lorsque votre entreprise entend parler de vous à l'extérieur.

En somme, vous conseillez aux femmes d'être davantage carriéristes, plutôt que d'attendre que les entreprises soient plus égalitaires…

Je n'aime pas le terme 'carriériste', je préfère celui 'd'ambitieuse'. On ne peut pas demander à une entreprise de tout faire pour recruter un talent. Certes, il faut former les DRH pour leur faire dépasser leurs préjugés. Mais en attendant, c'est aussi aux gens de se mettre en avant. Lors d'un entretien pour une évolution de carrière, une femme aura plus tendance à dire 'je ne sais pas si j'en suis capable'. Ce n'est vraiment pas une légende. Elles se coupent l'herbe sous le pied. Un DRH qui n'est pas formé, qui n'a pas le réflexe de se dire 'elle se sous-estime', risque de passer à autre chose. Et de préférer l'homme qui dira, lui, qu'il est capable, même si ce n'est pas forcément vrai.