C'est une décision forte de Gérald Darmanin qui demande des justifications. Le ministre de l'Intérieur veut dissoudre la maison d'édition Nawa située en Ariège, le "centre d’études orientales et de traduction", qu'il accuse de publier et diffuser des ouvrages faisant la promotion du jihadisme. Avant toute dissolution, le ministre de l'Intérieur doit d'abord expliquer dans un courrier au propriétaire de cette maison d’édition, Abû Soleiman Al-Kaabi, les raisons de sa décision. C’est ce qu’on appelle le contradictoire. Europe 1 a eu accès à ce document en exclusivité dans lequel, le ministre s'appuie sur deux grands arguments.
Haine et discrimination
Gérald Darmanin évoque l'incitation à la haine et à la discrimination. Dans ce document qu'Europe 1 a pu consulter, le ministre écrit au sujet d’un livre signé par le vice-président de Nawa : "Cet ouvrage légitime le recours à la lapidation en cas de rapports homosexuels". Une lapidation aussi recommandée "pour les femmes adultères".
D’autres publications traduites par Sami Mlaiki, le président de l’association en personne, défendent également "la mise à mort ainsi que les violences envers des personnes refusant de prier et de se repentir". Dans le même registre, le ministre de l’Intérieur évoque la publication de livres antisémites, incitant au meurtre et à l’extermination des juifs.
La promotion des actes de terrorisme
Autre point soulevé par Gérald Darmanin, la promotion d’actes de terrorisme. Il note que Sami Mlaiki, le président de l’association, affiche clairement son engagement à promouvoir le jihad et les organisations terroristes. Le vice-président de l’association d’ailleurs, toujours au sujet du jihad, parle d’un "devoir des musulmans" et loue "la mort en martyr" ainsi que "la création d'un État islamique".
Selon le ministère de l’Intérieur, les membres de l’association Nawa sont aussi très proches de plusieurs terroristes ainsi que du CCIF et de Baraka City, deux associations dissoutes il y a plusieurs mois.
Sami Mlaiki, défenseur de la cause jihadiste
Selon ce document confidentiel, "Sami Mlaiki évolue dans un environnement pro-jihadiste". On apprend par exemple que son beau-père est un des fondateurs de la communauté islamiste de l’Artigat, d’où sont issus des noms bien connus des services antiterroristes. Les frères Merah, Fabien Clain, Sabri Essid et Thomas Barnoin... Des personnes que Sami Mlaiki vénère. D’ailleurs en mars 2019, ce dernier a écrit : "On peut reconnaître aux organisations jihadistes actuelles un certain talent pour épuiser la machine de guerre occidentale".
Pour terminer, Sami Mlaiki n’hésite pas à faire référence dans ses ouvrages et dans des vidéos au drapeau d’Al Qaeda, qu’il a reproduit au dos de plusieurs couvertures. Il s'agit donc d'un profil très radicalisé. Et il n’est d’ailleurs pas exclu qu’après cette dissolution, d’autres associations faisant la promotion de l’islamisme ne tombent à leur tour dans le viseur du ministre de l’Intérieur.