Édouard Philippe a annoncé mardi que le nombre d'heures de français proposées aux étrangers s'installant légalement en France serait doublé "à 400 heures", voire à 600, dans le cadre d'une réforme de la politique d'intégration qui jusque là "manque d'ambition".
Une politique "digne de notre République". La qualité de notre politique d'intégration est au cœur de l'équilibre général de notre politique d'immigration et d'asile", a affirmé le Premier ministre à l'issue du premier Comité interministériel à l'intégration, en appelant à une politique "digne de notre République pour tous ceux à qui nous donnons le droit de séjourner en France".
Le Premier ministre n'a pas chiffré le coût des mesures annoncées, inspirées du rapport remis en février par le député de La République en Marche Aurélien Taché. Ce dernier avait évalué à 607 millions d'euros le coût de ses 72 ambitieuses propositions.
Une formation plus étalée dans le temps. "Pour les personnes qui ne maîtrisent pas la lecture ou l'écriture, les cours pourront aller jusqu'à 600 heures", a ajouté Édouard Philippe, entouré de plusieurs ministres : Gérard Collomb (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Education)... La formation civique dispensée aux étrangers venant s'installer durablement en France (réfugiés notamment), souvent jugée indigeste, sera réformée et étalée sur "24 heures" au lieu de 12 actuellement, a ajouté Édouard Philippe, en martelant qu'en matière de valeurs républicaines, "leur respect n'est pas une option mais une obligation".
Un enjeu de "cohésion sociale et nationale". Garde d'enfants pour les jeunes parents pendant les cours de langue, accès au "Pass culture" pour les jeunes... le Premier ministre a rappelé que donner les moyens de l'intégration est un enjeu "de cohésion sociale et nationale". "Il faut concentrer les moyens au tout début du parcours d'intégration", notamment dans le Contrat d'intégration républicaine (CIR) proposé aux étrangers primo-arrivants et qui "inclura désormais une dimension professionnelle" afin de "lever les différents freins qui bloquent l'accès à l'emploi", a-t-il ajouté, alors que l'insertion sur le marché du travail est l'un des points noirs de l'intégration des étrangers en France.
Des formations spécifiques et des logements. Pour cela, des dispositifs tels que le programme Hope (Hébergement, orientation, parcours vers l'emploi), qui propose formation linguistique et apprentissage dans des secteurs en tension, seront développés. Il a aussi annoncé "des parcours spécifiques correspondant aux besoins des jeunes primo-arrivants".
Le Premier ministre a aussi rappelé la difficulté d'accéder au logement pour les réfugiés, avec la mobilisation de 20.000 logements demandée aux préfets en décembre dernier. "C'est indispensable" pour que ces personnes "ne perdent pas toute perspective d'intégration", a-t-il dit.