Quatre militants de la cause animale et un photographe ont été condamnés lundi à des amendes allant jusqu'à 3.000 euros par le tribunal correctionnel de Versailles pour s'être introduits illégalement en avril dans un abattoir porcin à Houdan, dans les Yvelines.
Les activistes devront s'acquitter d'une amende de 3.000 euros, tandis que le photographe indépendant, par ailleurs étudiant, a écopé de la même amende dont 2.000 euros avec sursis.
Cinq mille euros d'amende, dont une partie assortie de sursis, avaient été requis à leur encontre. Ils devront solidairement verser 5.000 euros à l'abatteur pour son préjudice d'image.
Soixante-dix activistes cagoulés avaient tenté de bloquer l'activité du site. L'opération organisée par l'association antispéciste 269 Libération animale, qui se voulait "pacifiste", s'était déroulée dans la nuit du 25 au 26 avril : 70 activistes, cagoulés pour certains, avaient tenté de bloquer l'activité de l'abattoir. Les manifestants avaient pénétré dans les locaux "en pleine nuit et vêtus de noir", il faut "imaginer la peur ressentie" par les salariés "quand ils les ont vus surgir sur leur lieu de travail", avait dit la procureur à l'audience en juillet.
"On est obligé de choisir la désobéissance civile". Le jeune photographe et une militante parisienne ainsi que deux autres activistes absents au procès étaient poursuivis pour "violation de domicile". "On nous interdit de manifester légalement, on est obligé de choisir la désobéissance civile", avait argué la jeune activiste. L'avocat de la défense Thomas Hellenbrand, qui avait plaidé la relaxe, avait fait part de sa perplexité à voir juger cinq prévenus alors que "70 personnes ont commis l'infraction", ce qui mettait à mal, selon lui, le principe d'égalité des citoyens devant la loi. Mais le tribunal n'a pas retenu cette exception de nullité.
Les gendarmes avaient dû intervenir. Militants d'un côté, directeur et employés de l'abattoir de l'autre en étaient venus aux mains la nuit des faits, les premiers accusant notamment le second d'avoir menacé avec un couteau le photographe qui filmait l'opération. Pour éviter que la situation dégénère, une cinquantaine de gendarmes avaient dû intervenir. Les abattoirs Guy-Harang, derniers d'Ile-de-France, sont régulièrement la cible des antispécistes. Deux militants d'une autre association, L214, s'y étaient introduits en 2016 pour y placer des caméras filmant l'étourdissement des porcs au CO2 avant abattage. Ils ont été condamnés à 6.000 euros d'amende, dont 5.000 avec sursis.