Une école privée musulmane d'Échirolles, près de Grenoble, a décidé de porter plainte pour diffamation contre le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui l'avait décrite comme "d'inspiration salafiste", a indiqué lundi son avocat, confirmant une information de RTL. Selon Me Michaël Bendavid, l'école privée Philippe Grenier - du nom du premier député musulman de France - souhaite porter plainte auprès de la Cour de Justice de la République contre le ministre.
Le salafisme "n'a rien à voir avec cette école"
L'école fait l'objet d'un jugement de fermeture prononcé en février par le tribunal correctionnel de Grenoble. Le ministère public avait dénoncé d'importantes carences dans l'enseignement. Cette décision n'ayant pas été assortie d'une mesure d'exécution provisoire, l'école fonctionne toujours et le procès en appel a été fixé au 1er juillet. Jean-Michel Blanquer avait déclaré le 11 avril sur France Inter : "Je viens de prendre la décision, sur les bases juridiques et concrètes que j'avais, de fermer une école d'inspiration salafiste dans l'académie de Grenoble".
Remarquant d'une part que seule la justice a le droit de prononcer une telle fermeture, Me Bendavid s'est insurgé contre le terme de "salafiste" employé par le ministre. "Je travaille sur des dossiers de terrorisme, je sais ce que c'est que le salafisme, et je peux vous assurer que ça n'a rien à voir avec cette école", a-t-il dit.
L'avocat dénonce "un acharnement à visée politique"
Il a rappelé que celle-ci, qui dispense des cours de la maternelle au CM2, avec une dizaine d'heures d'enseignement religieux hebdomadaires, était née en 2016 "du constat que beaucoup de familles religieuses (d'Échirolles) ne scolarisaient pas leurs enfants faute de projet pédagogique adapté". Il a estimé que cette réputation de salafisme avait pu prendre corps après des propos d'une personne "ensuite éjectée du projet", sur "les vices" de l'enseignement laïque.
Il a dénoncé des contrôles multiples de l'école depuis son ouverture, "un acharnement à visée politique" selon lui, et les critiques sur le personnel enseignant, "qui n'aurait pas le niveau". "Ce sont des professeurs formés comme les autres", a-t-il soutenu. L'école pour sa part lancé la semaine dernière une pétition, qui a déjà recueilli 813 signatures, dans laquelle elle demande notamment, "aux politiques et aux médias, d'agir avec responsabilité et d'éviter les insultes, les amalgames et la stigmatisation à l'encontre de cette école, donc du public qui la fréquente".