C'est une première en France : un prêtre a été assassiné dans une attaque terroriste. L’abbé Jacques Hamel célébrait mardi la messe quotidienne du matin dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime, lorsqu’il a été égorgé par deux assaillants se revendiquant de l’organisation Etat islamique. Portrait d’un prêtre très apprécié dans sa paroisse mais aussi au-delà.
Un enfant du pays. Né en 1930 à Darnétal, à une dizaine de kilomètres de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, l’abbé Jacques Hamel a passé la plus grande partie de sa vie en Seine-Maritine. Ordonné prêtre en 1958, il officia notamment dans les paroisses de Saint-Antoine-du-Petit-Quevilly et de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, précise le magazine chrétien La Vie. Il vivait dans un presbytère à côté de l’église Saint-Etienne-du-Rouvray.
Un prêtre de proximité. Jacques Hamel était autant fidèle à sa région qu’à ses paroissiens, qui décrivent tous un homme simple et accessible. "C’est révoltant parce que c’était un prêtre très, très bien, très dévoué dans la paroisse, avec des contacts humains fréquents, qui se passaient très bien", témoigne sur Europe 1 Jean Thieulin, qui fut bénévole dans la paroisse durant 15 ans.
" Un prêtre très dévoué dans la paroisse "
"Jacques Hamel était quelqu’un de très, très apprécié dans le quartier", confirme sur Europe 1 Philippe Maheut, vicaire général du diocèse de Rouen. Un constat partagé par ceux qui ne faisait pas partie de la paroisse, comme Houssine : "c’était un gentil monsieur, on est vraiment triste. Il était bien connu dans la ville, c’était quelqu’un qui parlait avec tout le monde", a raconté sur Europe 1 cet éducateur spécialisé. C’était plus "un prêtre à col roulé qu'à col romain", a résumé pour La Vie le prêtre qu’il remplaçait, Auguste Moanda-Phuti, une manière imagée de dire que Jacques Hamel était plus proche de ses paroissiens que de l’institution.
Le sacerdoce plutôt que la retraite. Rien n’obligeait Jacques Hamel a officié dans la paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray, et pour cause : il était censé être à la retraite. Mais ce dernier a préféré poursuivre sa mission malgré son âge, en tant que remplaçant du père Auguste Moanda-Phuti. "C’était un homme passionné par ce qu’il faisait, toujours très actif. Il étonnait tout le monde par le dynamisme qu’il avait encore à son âge, toujours prêt à rendre service, à dépanner", confirme Philippe Maheut, vicaire général du diocèse de Rouen, sur Europe 1.
" C’était un homme passionné par ce qu’il faisait "
Un catholique ouvert aux autres religions. Jacques Hamel semblait faire l’unanimité au sein de l’Eglise et de sa paroisse, mais aussi au-delà : l’imam en charge de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, Mohammed Karabila, a été parmi les premiers à dénoncer cet assassinat, se disant "effaré par le décès de mon ami".
"Nous faisons partie d'un "comité interconfessionnel depuis 18 mois. Nous discutions de religion et de savoir-vivre ensemble", a déclaré celui qui est aussi le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie. "Cela fait 18 mois qu'on s'attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n'est plus possible", a-t-il ajouté. Une émotion d’autant plus partagée que la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray avait été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville.