Jawad Bendaoud, jugé depuis mercredi pour avoir logé des terroristes du 13-Novembre, a affirmé lundi au tribunal que "même pour 150.000 euros", il n'aurait pas hébergé des terroristes, redisant qu'il ne connaissait pas le profil des deux hommes.
La présidente Isabelle Prévost-Desprez a dû suspendre l'audience en fin d'après-midi à cause d'une vive altercation entre les prévenus dans le box, Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, qui avaient un différend sur un élément du dossier. Mais le procès a repris environ 30 minutes plus tard en leur présence.
"Je préfère prendre six ans et que la vérité soit faite". "Je devais toucher 150 euros. Mais même avec trois zéros, pour 150.000, je n'aurais pas hébergé des terroristes", a déclaré Jawad Bendaoud à la 16ème chambre du tribunal correctionnel. "Je préfère prendre six ans et que la vérité soit faite, plutôt qu'être relaxé et toujours être pris pour un menteur, être interrogé dans la rue", a-t-il dit. Jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes", ce délinquant multirécidiviste encourt six ans de prison.
Une spirale carcérale démarrée à l'âge de 20 ans. Le tribunal s'est intéressé lundi à la personnalité des prévenus. Jawad Bendaoud est le troisième de cinq enfants. Sa famille est originaire du Maroc. Son père a été restaurateur et formateur en bâtiment. Sa mère, assistante maternelle. "Tous mes frères ont bien réussi", a-t-il expliqué. L'aîné est mécanicien pour Airbus, un autre gère une boutique d'antiquité. Le prévenu a eu "une scolarité laborieuse", selon l'étude de personnalité. À 20 ans, il est entré dans une spirale carcérale. Il ne souffre, selon les experts, d'aucune pathologie psychiatrique, mais présente "une intolérance à la frustration".
Mohamed Soumah, jugé pour "recel de malfaiteurs". Mohamed Soumah, également jugé pour "recel de malfaiteurs", pour son rôle d'intermédiaire, est entré en prison pour la première fois à 16 ans. À 28 ans, il a passé neuf en détention, notamment pour des faits de vol avec violence, et des violences contre personne dépositaire de l'autorité publique. "C'est un cercle vicieux. Il faut en sortir", a-t-il dit à la présidente. Il a évoqué ses relations avec ses frères et sœurs. "Moi, j'avance à gauche. Mon petit frère et ma petite sœur, j'aimerais qu'ils avancent à droite". Et la présidente de répondre, en souriant: "Je préférerais tout droit!".
"File-moi le fromage". En décrivant sa détention à l'isolement, Jawad Bendaoud a raconté sa rencontre, à Fresnes avec un rat. "Je le regarde. Il me regarde. Je lui donne du fromage. Il se met debout. (...) Avec sa petite patte, il fait genre: 'File-moi le fromage'". Le procès reprendra mardi avec l'audition de parties civiles.