Une page de l'histoire de la mode s'est refermée mardi avec le décès à l'âge de 98 ans de Pierre Cardin. Le couturier français a marqué son époque avec ses créations futuristes, ses produits dérivés et son imagination sans limite. Il a aussi influencé et formé de nombreux stylistes au cours de sa vie, parmi lesquels Jean-Paul Gaultier, qui avait commencé sa carrière à tout juste 18 ans au sein des ateliers Cardin. "Je lui dois tout", a raconté le couturier, mardi au micro d'Europe 1.
"Pierre Cardin m'a ouvert les portes de la mode"
Son premier jour à ses côtés, il s'en souvient comme si c'était hier. "Je lui avais envoyé des croquis et quelques jours plus tard, il a téléphoné chez ma mère pour me demander de venir dans son atelier de la place Beauvau pour peut-être travailler avec lui. Il m'a ouvert les portes de la mode", salue Jean-Paul Gaultier.
Il rend hommage à un homme "original, touche à tout et précurseur". Avant beaucoup d'autres, Pierre Cardin avait ouvert un "corner" dans un grand magasin, fait défiler des hommes et avait adopté à l'échelle mondiale un système de licences qui lui assurait une diffusion planétaire de son nom, sur des produits aussi divers que des cravates, des cigarettes, des parfums ou de l'eau minérale.
"Pierre Cardin n'avait peur de rien"
Après tant d'années à l'admirer, Jean-Paul Gaultier s'émerveille encore du style Cardin, "totalement avant-gardiste" mais toujours simple. "Quand j'ai commencé, je me souviens qu'il me disait 'Ce sont les copieurs qui font des petits détails sans intérêt'." Pierre Cardin fut aussi l'un des premiers couturiers à penser ses défilés comme de véritables spectacles. "Lui, Courrèges et Paco Rabanne ont été des pionniers en ce domaine. Il faut dire que Pierre Cardin n'avait peur de rien", sourit le styliste.
Débarqué à Paris en 1945 après avoir fait ses débuts chez un tailleur de Saint-Etienne, Pierre Cardin est passé notamment chez Paquin et Schiaparelli avant de rejoindre Christian Dior, puis de créer sa propre maison de couture. Créateur à l'esthétique futuriste, il a connu le succès dès ses débuts, notamment avec ses robes bulles. Il s'était très tôt tourné vers l'Asie où il jouissait d'une grande notoriété : il s'était rendu dès 1957 au Japon, alors en pleine reconstruction. "Il a non seulement importé l'art de vivre japonais, mais l'a fait vivre dans ses collections."
Jean-Paul Gaultier a salué un homme "irremplaçable", qui "laissera sa trace". Il ne se considère toutefois pas comme son héritier. "Son héritier c’est son nom, qui continuera a exister. Il était unique. C’est une espèce d’empereur."