Jérôme, 44 ans, donneur de sperme, "prêt à la levée de l'anonymat" prévu par la loi bioéthique, mais avec "une inquiétude"

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Eve Roger, avec Thibaud Le Meneec , modifié à
Donneur de sperme depuis un an et demi, Jérôme se dit prêt à faire "face à la responsabilité" qu'implique la levée de l'anonymat pour le dons de sperme et d'ovocyte, prévu par la loi de bioéthique débattue à l'Assemblée nationale à partir de mardi.
TÉMOIGNAGE

C'est le coup d'envoi de près de trois semaines de débat à l'Assemblée nationale : les députés entament mardi les discussions sur la loi bioéthique, qui aborde notamment la PMA pour toutes les femmes, mais aussi l'autoconservation des ovocytes ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Un des autres aspects de cette loi concerne la levée prévue de l'anonymat du donneur de sperme et d'ovocyte.

Interrogé par Europe 1, Jérôme, professeur de SVT à Paris et donneur de sperme depuis un an et demi, confie sa volonté de ne pas arrêter ses dons malgré le changement majeur de cette réforme : à sa majorité, un individu issu d'un don pourrait connaître sa véritable identité.

Plusieurs questions soulevées par ce changement

"Quand j'ai commencé à donner, on ne parlait pas encore de lever l'anonymat des donneurs", raconte cet homme de 44 ans, pour qui la levée de l'anonymat "change les choses de façon conséquente et amène une inquiétude : quelle va être la relation ? Est-ce qu'il va y avoir des obligations ? Est-ce qu'il va y avoir des réclamations ? Pourquoi un enfant voudrait-il des liens ?", s'interroge-t-il sur notre antenne.

" Affectivement, un enfant issu d'un don peut légitimement se poser cette question "

Des questions, qui, assure-t-il, ne l'inquiètent "pas plus que ça" : "À titre personnel, ma réflexion m'a amené à penser que j'étais prêt à la levée de l'anonymat et rencontrer des enfants issus de mon don. C'est bien de faire face à cette responsabilité. Affectivement, un enfant issu d'un don peut légitimement se poser cette question et c'est bien de lui apporter des réponses", conclut-il.

Pour ce sujet, mais aussi pour les 31 autres de la loi bioéthique, la liberté de vote est de mise pour les députés, alors qu'apparaissent des lignes de fracture non pas "entre les groupes mais à l'échelon individuel", selon Agnès Buzyn. La ministre de la Santé a affiché en amont, auprès de l'AFP, une volonté de ne pas "heurter" les parlementaires et à travers eux la société, face à des "émotions" liées à "des histoires de vie".