"Il doit avoir la trouille", estime Émilie Petitjean, présidente de l'association "Promenade des Anges", qui rassemble les victimes de l'attentat du 14-Juillet 2016 à Nice et leurs proches. Mercredi, elle assistera au procès de l'ancien secrétaire général et porte-parole de la structure, jugé pour abus de confiance et escroquerie. "Il doit bien avoir conscience qu'on est plusieurs dans la salle, plusieurs à être en colère", poursuit-elle. "Pour moi, le dossier est complet, il est coupable."
"Il manquait des sous". "On avait l'impression que c'était quelqu'un qui portait toute la misère du monde sur ses épaules", se souvient la présidente. "Et j'y croyais dur comme fer, jusqu'au jour où la trésorière m'a présenté la preuve incontestable qu'il manquait des sous." Vincent Delhomel, employé d'un bar de 49 ans, a rejoint l'association en affirmant avoir aidé des blessés le soir de l'attentat.
Dans le cadre de ses fonctions, il est soupçonné d'avoir détourné la somme de 7.300 euros, recette d'une course caritative, utilisés pour payer des restaurants et des loyers en retard, et d'avoir présenté des remboursements de frais indus pour une somme inférieure à 2.000 euros - dont il a déjà remboursé une partie. "On a fait ce qu'il fallait et dans les trois semaines qui ont suivi, il a été mis dehors", souligne Émilie Petitjean.
L'association réclame l'ensemble du remboursement et un montant pour le préjudice d'image. Me Zia Oloumi, avocat du prévenu, a pour sa part obtenu deux renvois dans cette affaire, le premier en juillet car la date était considérée comme trop proche de la commémoration du 14-Juillet, le second en septembre en raison de l'état de santé de son client. Soigné pour une dépression, le prévenu est désormais apte à comparaître selon une expertise demandée par le tribunal et révélée par Le Parisien.
"Pas le manipulateur décrit". Pour son conseil, Vincent Delhomel, sous contrôle judiciaire depuis le 20 avril, manipulé de l'argent sans intention délictuelle. "Il a gardé les fonds à un moment donné car il n'y avait ni trésorier ni président", estime-t-il, jugeant que son client n'est "pas le manipulateur décrit mais quelqu'un, à un moment donné, seul et dépassé sans connaissances assez pointues pour la gestion." Il encourt jusqu'à sept ans de prison.
"Aujourd'hui, on se retrouve devant un tribunal alors que c'est pas lui qu'on aimerait pouvoir juger", déplore pour sa part Émile Petitjean. "C'est celui qui nous a pris nos enfants, nos proches et qui a fait des milliers de blessés psychologiques."