La préfète du Pas-de-Calais a indiqué dimanche que le nombre de migrants présents dans la "Jungle" de Calais avait doublé en trois semaines, passant de 3.000 à "entre 5.500 et 6.000". "Il y a trois semaines, on dénombrait 3.000 migrants. Il y a eu une augmentation assez forte puisqu'on est passé à entre 5.500 et 6.000 aujourd'hui", a déclaré Fabienne Buccio, confirmant des informations de presse et les chiffres évoqués cette semaine auprès par des associations humanitaires présentes sur le site.
"Certains sont là depuis huit mois". Cet afflux s'explique principalement par "la difficulté de passer en Grande-Bretagne" après les nombreux travaux de sécurisation du site d'Eurotunnel et de la rocade menant au port de Calais, avec la pose d'impressionnants grillages. Face à la difficulté de traverser la Manche, "ils se sédentarisent et certains sont là depuis huit mois", note la préfète.
La "Jungle" de Calais, située à environ une heure à pied du centre-ville dans une lande proche de la mer et balayée par les vents, reçoit des migrants qui étaient auparavant dans les camps du Dunkerquois, à savoir Téteghem et Grande-Synthe, qui ont vu leur population baisser notamment "en raison de la pression policière", a-t-elle ajouté.
"Un village organisé". La "Jungle" ressemble désormais "plus à un village organisé qu'à un camp de toile", a poursuivi Fabienne Buccio. Des écoles, églises, mosquées, salons de coiffures, restaurants ou encore épicerie, plus ou moins de bric et de broc, ont fait peu à peu leur apparition dans ce camp qui jouxte le centre d'accueil de jour Jules-Ferry où des repas gratuits sont distribués quotidiennement aux clandestins.
"La photo de l'enfant (du petit Aylan, enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque, ndlr) a provoqué un élan de générosité des associations et de nombreux dons", a ajouté Fabienne Buccio, ce qui a pu attirer davantage de migrants certains d'y recevoir une aide.
Par ailleurs, la préfète a constaté une évolution de la population au sein de la "Jungle". "Avant, les migrants provenaient essentiellement de la corne de l'Afrique. Maintenant, il y a beaucoup d'Irakiens, d'Iraniens et de Syriens qui arrivent en famille, avec femmes et enfants", a-t-elle indiqué.