Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty et une semaine après celui de Dominique Bernard, la question est sur toutes les lèvres des enseignants : pourquoi les professeurs d’histoire-géographie sont-ils ainsi visés et exposés au terrorisme en enseignant cette matière ?
Emilie Havard enseigne dans un lycée de l'Oise, elle commence à s'inquiéter. "Moi, quand je suis devenue professeure, je ne m’imaginais pas que je rentrais dans une voix qui pouvait être dangereuse. C'est vrai qu'en tant que prof d'histoire-géographie, on a l'impression qu'on est peut-être sur une position plus sensible que dans d'autres matières", a déclaré la professeure d’histoire à Europe 1.
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"Il y a un contexte géopolitique qui est sensible"
Colonisation, Shoah, conflit israélo-palestinien les sujets sensibles ne manquent pas. Karine Rousseaux, professeur à Cambrai. "On aborde des sujets qui peuvent porter des mémoires, des récits familiaux ou des représentations parfois partielles, partiales, par les réseaux sociaux. Notre rôle à nous, c'est de fournir les outils, les grilles d'analyse, de dépassionner souvent. Ça ne plaît pas forcément parce que là, il y a un contexte géopolitique depuis les attentats de Charlie Hebdo qui est sensible", a rapporté l’enseignante.
Certains se sentent désarmés. "Il s'agit aussi outiller les enseignants et pour outiller les enseignants, c'est la question de la formation continue qui est actuellement fragilisée. On a besoin de réactualiser nos connaissances très, très régulièrement de manière à nous être solides", a ajouté Karine Rousseaux. L'enseignement moral et civique expose aussi les profs d'histoire-géographie avec l'étude de la laïcité. Des thèmes complexes, travaillés uniquement une demi-heure par semaine dans le secondaire.