"Nous sommes des singes qui savent cuisiner", déclare Laurent Mariotte en référence au livre de son invité du jour, Alexandre Stern, auteur de Le Singe Cuisinier (Ed. Odile Jacob). "On est le seul animal qui sait cuisiner", insiste Alexandre Stern. "Il faut voir que dans le monde animal, personne ne transforme les aliments, à part nous. Et ça a donné naissance à la civilisation. Sans la cuisine, notre cerveau serait deux fois plus petit et on serait encore dans la savane en train de ramasser des racines et des feuilles."
Le feu, l’agriculture et la sociabilisation grâce à la cuisine
Fait indéniable, la maîtrise du feu a changé beaucoup de choses dans notre évolution, notamment sur notre développement physique et notre rapport à la nourriture. "La cuisine est extrêmement fonctionnelle au départ. Le feu, ça a été pour transformer les aliments. Il faut voir ça comme une pré-digestion", explique le spécialiste. "Cela a eu un impact énorme. Notamment sur la taille du cerveau."
Le feu n’est pas le seul facteur de notre évolution. Les épices ont également joué un grand rôle : la taille de l'intestin a été divisée par deux et la taille du cerveau a été multipliée par deux. L’agriculture également… "Avec l'élevage, avec les salaisons, les fermentations, tout ce que l'on a pu apprendre de façon empirique au fil du temps", constate Laurent Mariotte.
Enfin, si de nos jours on s’accorde tous à dire avec plus ou moins de banalité que la cuisine rassemble, tout comme dans le passé… On est forcé de constater que cette action, anodine maintenant, marque un véritable tournant chez nos ancêtres, celui de la sociabilisation. Preuve une fois de plus que la cuisine rend plus intelligent.
Découvrez notre newsletter gastronomie
Recevez tous les dimanches à 10h notre newsletter "A table !" pour exceller derrière les fourneaux avec les recettes, conseils et trucs & astuces de Laurent Mariotte, ses chroniqueurs et ses invités.
Une intelligence en déclin ?
Rentrer chez soi après une journée de travail éreintante et commander à manger ou encore faire réchauffer un plat préparé… Si cela nous semble l’apogée du développement de notre civilisation par soir de grande fainéantise, elle marquerait aussi notre déclin. "Avec les plats préparés, ces produits ultra transformés. On est sur la mauvaise pente", déplore Alexandre Stern. "D’abord parce que ça commence à avoir un impact réel sur la santé. Avec l'obésité et le surcroît de surpoids, le diabète mais aussi sur le plan culturel, on perd en savoir-faire. Aujourd'hui, les gens ne sont plus capables de faire leurs propres conserves, par exemple." Une facilité de vie qui nous évite donc de nous creuser les méninges.