"Que penser d'un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse ?", "Cette scène est indigne de la République !", "Glaçant, inadmissible"... Des personnalités politiques qui se sont indignées face aux vidéos montrant plus d'une centaine de jeunes gens à genoux, mains sur la tête, arrêtés par les forces de l'ordre après des heurts à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, jeudi.
Des débordements dans les établissements scolaires. En pleine crise des "gilets jaunes", les lycéens ont eux aussi lancé un mouvement de contestation. Depuis lundi, ils manifestent notamment contre la nouvelle plateforme d'orientation Parcoursup et la réforme du bac. Au quatrième jour de mobilisation, 280 établissements scolaires étaient perturbés dont le lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie.
Deux voitures y ont été incendiées et des affrontements se sont déroulés avec la police. Le procureur de la République de Versailles Vincent Lesclous, a précisé que le motif des quelque 151 arrestations était "participation à un attroupement armé" a indiqué le commissaire de la ville, assurant vouloir ainsi "interrompre un processus incontrôlé". Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a défendu vendredi ces interpellations face à de "véritables violences urbaines", assurant notamment que des dizaines de bouteilles de gaz avaient été jetées "robinet ouvert sur des barricades enflammées" juste avant.
Des images largement relayées. Les mains entravées ou sur la tête, à genoux ou assis au sol, près de 150 adolescents eux ont ainsi été rassemblés dans le jardin d'un pavillon et dans une maison associative par quelque 70 policiers mobilisés pour cette opération. Les images, relayées sur les réseaux sociaux, ont fait réagir des personnalités politiques.
D'autres images de l'interpellation de dizaines de lycéens, aujourd'hui à Mantes-la-Jolie. pic.twitter.com/ghv8K91e7l
— Violences Policières (@Obs_Violences) 6 décembre 2018
Un pouvoir autoritaire, selon LFI. "Voici la France de Macron : un Etat où le peuple subit quotidiennement la violence de la guerre de classe (...) & où sa jeunesse est réprimée, humiliée, mise à genoux", a dénoncé dans un tweet la député La France insoumise Danièle Obono. Également député LFI, François Ruffin a dénoncé à son tour "Que penser d'un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse ?". Alexis Corbière s'est interrogé : "Qu'est-ce qui peut justifier une telle mise en scène ? Qui a donné les ordres aux forces de l'ordre de faire cela ?"
Que penser d’un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse? Qu’il ne tient que par la force des matraques. Qu’il n a plus d'avenir. Qu’il est à l’agonie. https://t.co/1uV2CUG1if
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 6 décembre 2018
Des images "intolérables" pour les écologistes. De son côté, l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot a estimé sur Twitter que "ce qui s’est passé avec les lycéens de Mantes-la-jolie (...) est simplement intolérable." La sénatrice écologiste Esther Benbassa a dénoncé le traitement reçu par ces jeunes : "La France, pays des droits de l’homme. Comment certains policiers y traitent les mineurs. Où vivons-nous donc ?".
Ian Brossat, tête de liste PCF pour les européennes, a dénoncé des "images inacceptables" et des "procédés" que "rien ne peut justifier".
C’est quoi ce délire ?
— Ian Brossat (@IanBrossat) 6 décembre 2018
Images inacceptables, rien ne peut justifier de tels procédés. https://t.co/R4JltFSOCy
"Glaçant, inadmissible". L'ancien candidat à l'élection présidentielle et fondateur du mouvement Générations, Benoît Hamon a qualifié sur Twitter les images de "glaçant(es), inadmissible(s). Mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour ?". "Quels que soient les faits reprochés, rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée", a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un tweet, appelant les ministres de l'Intérieur Christophe Castaner et de l'Éducation Jean-Michel Blanquer à "réagir vite et bien".
Blanquer "choqué" mais rappelle "le contexte". Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a reconnu vendredi sur France Inter qu'il avait aussi été "choqué" par ces images, mais il a tenu à rappeler "le contexte" de ces arrestations. "Que s’est-il passé ? Il y a des éléments extérieurs au lycée, des personnes de plus de 20 ans souvent, qui ont coincé le lycée, réussi à ameuter quelques lycéens, ont envahi un pavillon, ont volé des bonbonnes de gaz, ont attaqué les forces de l’ordre, lesquelles ont cherché à les neutraliser, et en les neutraliser les ont mis contre un mur, avec les images que l’on voit."