Dès lundi, des millions de musulmans vont célébrer à travers le monde la fête de l'Aïd-el-Kébir ou fête du Sacrifice. Cette fête, qui dure trois jours, marque la fin du hadj, le pèlerinage à La Mecque. Les croyants y sacrifient un animal, souvent un mouton, ce qui n’est pas sans causer quelques polémiques sur les conditions de l’abattage rituel.
L’origine de cette fête musulmane. Cette fête commémore le sacrifice d’Ibrahim (l'Abraham des chrétiens). Selon le Coran, celui-ci s’apprêtait à obéir à un commandement divin en sacrifiant son fils. Mais l’ange Gabriel le remplaça par un mouton. Une soumission à Dieu qui vaut à Ibrahim d’être considéré comme le premier des musulmans, et qui est célébrée en égorgeant un animal, qu’il soit un mouton, une chèvre ou un bovin. L’Aïd-el-Kébir marque également la fin du pèlerinage à la Mecque, le hadj. Il a lieu le 10 du dernier mois du calendrier musulman.
La fête en France. Les musulmans sont appelés à la prière lundi matin avant de se rendre dans les abattoirs pour égorger le mouton selon le rite. Plus de 100.000 moutons sont ainsi tués durant trois jours. Cette année, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a suggéré que les fonds collectés pendant la fête puissent être alloués à l’aide aux migrants.
Les règles religieuses de l’abattage. Plusieurs règles dans le Coran encadrent l’abattage de l’animal sacrifié. Si c’est un mouton, il doit au moins avoir six mois contre un an s’il s’agit d’un autre animal. Interdiction de sacrifier un animal malade, qui ne marche pas correctement ou est borgne. Enfin, l’animal doit faire partie d’un cheptel et doit être tué que si le propriétaire l’a explicitement approuvé.
L’indignation de Bardot. Les militants de la cause animale s’emparent régulièrement du sujet de l’abattage rituel. Brigitte Bardot avait ainsi écrit au président de la République le 11 août pour lui enjoindre "d’appeler la communauté musulmane à ne pas faire couler le sang, à remplacer le sacrifice d’un animal par une offrande aux plus déshérités". "Je m’adresse à vous", disait-elle encore, "car en ces temps obscurs nous avons besoin de paix, pas de sacrifice rituel où des milliers de moutons vont se faire trancher la gorge en toute conscience et dans la souffrance". Le CFCM lui a répondu le 16 août assurant que "l’abattage rituel peut être effectué dans l’ensemble des abattoirs de France, dans le respect des exigences de la protection et du bien-être animal".
Quelles règles ? Mais les règles d’abattage sont strictes comme le rappelle un guide pratique publié par le gouvernement. "L’abattage des animaux pendant la fête de l’Aïd-el-kébir doit être réalisé dans des abattoirs agréés par l’État, dans le respect des réglementations relatives à la sécurité sanitaire des aliments, à la santé, à la protection animale et à la protection de l’environnement", est-il ainsi écrit. 60 abattoirs temporaires, agréés par l’Etat, sont aussi mis en place durant la durée de la fête. En dehors de ce cadre légal, égorger un mouton est un délit pénal, passible de 15.000 euros d’amende et de six mois de prison. La mise à mort doit se faire également sur deux critères, rappelle le guide : maintenir l’animal jusqu’à la perte de conscience et favoriser la contention mécanique.