La sécheresse historique que la France vient de vivre, et que certains départements subissent toujours, prouvent à quel point il est essentiel de repenser l’usage de l’eau. Et cela passe par la réduction de la consommation d’eau potable dont près de la moitié est aujourd’hui utilisée pour l’agriculture. Il est pourtant possible d’arroser les champs avec de l’eau usée traitée. Mais cette solution est encore sous-utilisée en France.
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L'Hexagone fait d'ailleurs figure de mauvais élève en Europe. Willy Fortunato dirige UV Germi, une société qui a mis au point une technologie de purification des eaux usées.
"Nos plus proches voisins italiens, portugais, espagnols, réutilisent plus de 15% de leurs eaux usées traitées. On est à moins de 1% en France. Donc il y a un enjeu pour économiser à la fois les ressources en eau et les nutriments : l'azote, le phosphore qui sont naturellement présents dans les eaux usées".
Des freins subsistent
Ces eaux peuvent convenir à beaucoup d’usages agricoles, explique Catherine Neel. C’est la référente sur ce sujet au Cerema, une institution environnementale qui travaille auprès de l’État
"Pour l'abreuvement du bétail, là c'est de l'eau potable. Pour arroser des fruits et légumes juste avant la récolte, c'est bien sûr conseillé de le faire avec de l'eau potable mais par contre pour des cultures comme du fourrage, pour faire du bois énergie, on n'a pas la même prévention et on n'a pas forcément besoin de la même qualité d'eau".
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Pour autant, des freins persistent. "Mes collègues de l'INRAE ont estimé à trois à cinq fois plus cher le prix de revient de l'eau usée traitée par rapport au prix actuel de l'eau agricole. Ce n'est pas forcément payé par l'agriculteur, c'est là qu'il faut voir le mode de gestion de l'eau. Cela peut très bien être supporté par une collectivité mais il y a un gros frein de gouvernance et d'organisation de la gestion de l'eau en général", ajoute Catherine Neel. D’ici 2025, la France espère toutefois tripler le recyclage de ses eaux usées.