Imad Ibn Ziaten a été assassiné le 11 mars 2012 par Mohamed Merah. Sa mère, Latifa Ibn Ziaten, se rend depuis lors auprès des jeunes en difficulté afin de les sensibiliser à l'importance de la République, et tout faire pour qu'ils ne tombent pas dans des mouvances religieuses extrémistes ou dans le trafic de drogue, en leur transmettant un message d'espoir. Cette parole qu'elle porte est intimement liée à sa vision de la France. Comme elle l'explique sur Europe 1, elle se sent "Marianne". C'est justement parce qu'elle porte ces valeurs de "fraternité, d'espoir, de tolérance, et d'amour de l'autre" que son visage a été exposé avec 108 autres, place du Panthéon, lors de l'opération "109 Mariannes".
J'essaie d'apporter l'espoir à ces jeunes"
"J'ai toujours senti que j'étais Marianne", explique Latifa Ibn Ziaten, honorée que son visage soit parmi ceux retenus pour être affichés place du Panthéon jusqu'à ce lundi. Comme elle l'explique, "quand je suis rentrée en France, j'aimais ce pays et les gens qui m'entouraient, des femmes et des hommes extraordinaires. Je voulais rentrer dans la peau d'une femme française parce que c'était mon rêve. Et j'aime ce pays, j'aime être française et je suis fière d'être Marianne."
Cette vision de la France est celle dans laquelle Latifa Ibn Ziaten a élevé ces enfants, dont Imad, l'un des militaires français tué en 2012 par Mohamed Merah. "Mon fils a été tué parce que c'était un soldat de la République." C'est ce qu'elle essaie de faire comprendre aux jeunes qu'elle rencontre habituellement trois ou quatre fois par semaine. "J'essaie d'apporter l'espoir à ces jeunes-là. Leur dire : 'si vous avez un rêve il faut avancer. Si vous avez envie d'être policier, militaire, prof ou médecin, n'hésitez pas. Il ne faut pas stopper votre vie parce que vous êtes musulmans. L'Islam est une religion, mais la nation où on vit, c'est notre fierté, c'est le pays qu'on doit défendre'".
La défense d'un "islam d'ouverture"
Avec son association IMAD pour la Jeunesse et la Paix, Latifa Ibn Ziaten "côtoie beaucoup de monde, surtout des jeunes en difficulté, qui sont en train de tomber dans la secte terroriste ou les trafics" de drogue. Son activité est rendue plus difficile par le Covid qui force à rencontrer les jeunes de manière virtuelle par Skype ou téléphone. Selon elle, cela complique la diffusion de son message car "parler au téléphone, ce n'est pas la même chose que de regarder la personne en face. Quand on se regarde, on comprend la souffrance et comment on peut aider ces jeunes".
Latifa Ibn Ziaten essaie néanmoins de leur transmettre un message de "fraternité humaine, d'espoir, de tolérance et d'amour de l'autre, de paix et de vivre ensemble". Sur l'islam en particulier, elle cherche à leur rappeler que l'importance d'un "islam d'ouverture" contre le "piège d'un islam dur, fanatique" qui force, par exemple la femme à rester chez elle, contrairement à ce qu'elle prône. "Il faut qu'on reste solidaires et on est tous des frères et sœurs", rappelle-t-elle sur Europe 1.