"Vive Merah", "Juif bientôt mort", "On va t'avoir"... Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire assassiné par Mohammed Merah, a trouvé à son réveil lundi matin les murs de sa maison couverts de tags antisémites. Très engagée dans la lutte contre la radicalisation via l’association qu’elle a fondée, cette femme fait l’objet de menaces récurrentes qui semblent aujourd’hui avoir franchi un nouveau palier.
"Ça m’a fait peur, ce n’est pas la première fois", rapporte à Europe 1 Latifa Ibn Ziaten. "On a déjà été menacé, on a retrouvé des poubelles sur notre voiture. Je les ai enlevées et je n’avais appelé personne. […] Je n’avais pas pris ça au sérieux. Mais là, c’est grave. Ils me menacent chez moi, c’est une menace de mort", alerte-t-elle.
En me réveillant ce matin, c’est sous le choc que j’ai découvert ces tags sur les murs de ma maison. Une nouvelle fois, je suis prise pour cible. J’ai déposé plainte. J’espère que les coupables seront retrouvés et punis de leur acte haineux. pic.twitter.com/Q6OXyEsbSe
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) 10 juin 2019
Latifa Ibn Ziaten a fait savoir son intention de porter plainte pour apologie du terrorisme, violation de domicile et menace de mort. "Ce qui est effrayant c’est de voir que l’on glorifie un assassin, Mohammed Merah, qui a tué Imad Ibn Ziaten (le fils de Latifa Ibn Ziaten, ndlr), qui a tué deux autres soldats, en a blessé un grièvement, et qui a surtout tué des enfants dans une école au seul motif qu’ils étaient juifs", veut également rappeler au micro de Matthieu Belliard, dans Le Grand journal du soir sur Europe 1, Francis Szpiner, avocat de Latifa Ibn Ziaten.
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"Pourquoi la paix est aussi compliquée que ça ?"
"Je lui ai dit qu’il fallait faire savoir ce qui se passait et porter plainte. Nous avons alors diffusé les images de la maison sur Twitter. Elle est choquée, bien entendu, mais ça ne l’empêchera pas de mener son combat, justement parce que ce genre d’action le justifie", explique-t-il. "Les menaces d’aujourd’hui ne la feront pas dévier de son combat", insiste encore Francis Szpiner.
"Je ne fais rien de mal, j’aide les gens, j’essaye de sauver cette jeunesse, de passer un message de paix", explique Latifa Ibn Ziaten, la gorge nouée par l’émotion, toujours au micro d'Europe 1. "Pourquoi la paix est aussi compliquée que ça ?", interroge-t-elle.
"Latifa Ibn Ziaten fait l’objet de temps en temps d’une protection policière, je souhaite qu’elle soit renforcée et que cette affaire soit prise au sérieux", indique pour sa part son avocat.