La CFDT Cheminots, quatrième syndicat à la SNCF, propose aux trois autres organisations syndicales représentatives du groupe public ferroviaire une "grève reconductible à partir du 14 mars", a-t-elle annoncé lundi dans un communiqué. "Le gouvernement démontre aujourd'hui qu'aucune négociation n'est envisagée, les décisions étant visiblement déjà prises", a déclaré la CFDT, qui estime que "les cheminots ont subi une attaque sans précédent".
Dans une interview aux Échos, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a critiqué lundi la décision du gouvernement de recourir aux ordonnances pour réformer la SNCF et assuré qu'il ne "laissera personne cracher à la figure des cheminots". "Le gouvernement pouvait se permettre de procéder par ordonnances sur la réforme du marché du travail, car il l'avait clairement dit pendant la campagne et parce que la réforme est intervenue juste après l'élection. Ce n'est pas le cas pour la SNCF", souligne le leader syndical.
Fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues. Concernant le statut des cheminots, "expliquez-moi en quoi cela nécessite des ordonnances ? Un tel dossier doit être traité par la concertation et la négociation au sein de l'entreprise", estime Laurent Berger, assurant qu'il ne laissera "personne cracher à la figure des cheminots, pareil pour les fonctionnaires". Le Premier ministre Édouard Philippe a lancé lundi la réforme du rail, prévoyant le recours aux ordonnances pour aller vite et la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues de la SNCF.
La "méthode" Macron. Plus généralement, Laurent Berger s'inquiète de la "méthode" d'Emmanuel Macron, alors que le gouvernement doit encore se prononcer sur les réformes de l'assurance chômage et de la formation professionnelle pour lesquelles les partenaires sociaux ont trouvé des accords le 22 février. "Attention au chamboule-tout décidé dans la précipitation et sans réel dialogue. Si on nous piétine, il ne faudra pas ensuite venir nous chercher pour éteindre l'incendie", a dit le numéro un de la CFDT, pour qui le quinquennat est à "un moment clef".
Pour Laurent Berger, "le mécontentement commence à monter". Le "mécontentement commence à monter" au sein de la CFDT et la façon dont l'exécutif va réagir aux deux accords trouvés le 22 février "sera déterminante pour la suite", selon lui. "C'est bien que le président se préoccupe d'améliorer l'image de la France à l'international, dit-il. Mais il fait comme si la question sociale avait disparu avec l'amélioration de la conjoncture, comme si c'était devenu une question subalterne (...) Il commet une grave erreur, car les grands enjeux sociaux sont devant nous".