Chaque jour, trois femmes sans-abri sur quatre restent sans solution d'hébergement, selon le Samu social de Paris, qui s'occupe du 115, le numéro d'urgence spécialisé, et lance mercredi sa campagne d'hiver centrée sur leur situation.
De plus en plus de femmes dans la rue. "Le nombre de femmes isolées sans-abri augmente et les dispositifs d'accueil sont souvent moins adaptés parce que traditionnellement prévus pour des hommes, d'où un manque chronique de places pour des femmes qu'on laisse à la rue", explique le directeur du Samu social de Paris, Eric Pliez. En France, 22% des personnes isolées sans domicile sont des femmes.
De plus en plus de femmes, entre 60 et 100 selon les nuits, se retrouvent ainsi contraintes de passer la nuit dans la rue, dans les bus de nuit, dans les salles d'attente des hôpitaux ou toute autre solution de fortune, alerte le Samu social.
"Une femme à la rue est beaucoup plus vulnérable qu'un homme, et doit développer des stratégies pour se protéger", explique Eric Pliez.
Un manque cruel de structures d'accueil. À Paris en 2016, 5.391 femmes seules ont appelé au moins une fois le 115, soit une hausse de 66% en dix ans. Un quart d'entre elles étaient en errance depuis plus de six mois et 69% n'avaient jamais appelé auparavant. Mais souffrant d'une extrême saturation, le taux de réponse positive du numéro d'urgence a chuté de 72% en 2006 à 23% en 2016.
Sans solution, de nombreuses femmes vont au Centre d'hébergement et de réinsertion sociale de Nanterre (Hauts-de-Seine), dans l'un des deux bus qui s'y rendent chaque jour. "Dans ce bus mixte, nombreuses sont les femmes rapportant les insultes des hommes, voire les attouchements", dénonce le Samu social. Pour venir en aide aux femmes isolées sans-abri, le Samu social demande que l'offre d'hébergement soit adaptée, avec notamment la création de 100 places d'accueil en urgence réservées aux femmes et de 250 places d'insertion dédiées.