Après des mois de polémiques, l'équipe médicale du CHU de Reims rend jeudi sa décision sur l'arrêt ou non des traitements sur Vincent Lambert. Les médecins devraient probablement décider l'arrêt des soins et l'accompagnement vers la mort du patient, en état végétatif irréversible depuis 2008. La famille de Vincent Lambert, déchirée entre les partisans et les opposants à un arrêt des traitements, est attendue ce jeudi à 14h au CHU de Reims pour écouter la décision des médecins.
Une famille déchirée. Huit jours après l'engagement d'une nouvelle procédure collégiale par les médecins en charge de Vincent Lambert, les membres de sa famille, qui se déchirent sur son sort, sont donc convoqués tous ensemble jeudi pour entendre la décision. Le 15 juillet, lors du premier conseil de famille, les différentes parties avaient été conviées séparément. Son épouse Rachel Lambert, son neveu ainsi qu'une grande partie des frères et sœurs sont favorables à un arrêt des soins, alors que les parents y sont farouchement opposés.
La justice européenne favorable à un arrêt des soins. Le 5 juin dernier, la justice européenne avait confirmé l'avis du Conseil d'Etat qui estimait que la continuation des soins du patient souffrant de lésions cérébrales irréversibles après un accident de la route en 2008, constituait une obstination déraisonnable. La juridiction validait ainsi la décision médicale de suspendre l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert en l'accompagnant jusqu'à sa mort par des soins palliatifs, notamment une sédation adaptée. Dans ce cas, son décès interviendrait en moins d'une semaine.
Des témoignages de camarades de promotion. Pour Rachel Lambert, considérée par les médecins comme le référent légitime de son mari, Vincent était opposé à tout acharnement thérapeutique et n'aurait jamais voulu être maintenu artificiellement en vie. Des propos corroborés par des camarades de promotion du patient, ancien infirmier psychiatrique, qui ont recueilli quelque 13 témoignages en ce sens, qu'ils ont remis au CHU de Reims fin juin. Les parents de Vincent, proches des milieux catholiques intégristes, sont eux déterminés à s'opposer par tous les moyens à la décision des médecins. La semaine dernière, les parents avaient porté plainte contre l'hôpital de Reims pour tentative d'assassinat et maltraitance.
Bataille judiciaire des parents. Monseigneur Barbarin, l'archevêque de Lyon, a apporté jeudi matin son soutien aux parents de Vincent Lambert au micro d'Europe 1. "Vincent Lambert n'est pas en fin de vie, on ne peut pas provoquer sa mort. Nous ne sommes propriétaires de la vie de personne. On ne peut pas provoquer délibérément la mort de quelqu'un." Les parents devraient à nouveau saisir le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Une procédure qui a peu de chance d'aboutir compte tenu des arrêts du Conseil d'Etat et de la CEDH mais qui pourrait encore retarder la mise en place du protocole de fin de vie.