Le feuilleton judiciaire continue, sept ans jour pour jour après l'accident de la route qui lui a causé des lésions cérébrales irréversibles. Nouveau passage à la barre et nouvelle question : l'hôpital de Reims peut-il maintenir artificiellement en vie Vincent Lambert, malgré les décisions des plus hautes instances juridiques françaises et européennes ? Pour la rapporteure publique du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, la réponse est oui.
Stéphanie Lambing a en effet estimé, mardi, que les médecins du CHU de Reims sont en droit, en vertu de "leur indépendance professionnelle", de maintenir en vie Vincent Lambert malgré les décisions de justice précédentes. Alors que la justice administrative examinait mardi à nouveau le cas du patient en état végétatif, la magistrate a donc recommandé aux juges de rejeter la requête de François Lambert.
Le neveu contre l'acharnement thérapeutique. François Lambert réclame l'application, par le CHU de Reims, de la décision prise le 11 janvier 2014 par le docteur Eric Kariger de suspendre l'alimentation et l'hydratation artificielles du patient en l'accompagnant jusqu'à la mort par des soins palliatifs. "Nous demandons au juge de faire prévaloir les intérêts et le droit fondamental de Vincent à ne pas subir d'acharnement thérapeutique comme il l'avait demandé, droit qui lui est illégalement refusé tous les jours par le CHU depuis la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH)", explique François Lambert, le neveu de l'ancien infirmier psychiatrique de 39 ans, en état végétatif depuis 2008.
La CEDH a tranché… Le 5 juin 2015, la justice européenne avait confirmé l'avis du Conseil d'Etat, qui estimait que la continuation des soins de Vincent Lambert constituait une obstination déraisonnable. Les plus hautes instances juridiques validaient ainsi la décision prise le 11 janvier 2014 par le docteur Eric Kariger, qui a depuis quitté ses fonctions.
… mais pas le médecin. Après l'arrêt de la CEDH, le nouveau médecin en charge de Vincent avait entamé "une nouvelle procédure en vue d'une décision d'arrêt des soins". Mais, contre toute attente, il refusait de statuer sur sa fin de vie en raison de pressions extérieures nuisant à "la sérénité", notamment après des menaces d'enlèvement. A sa demande, le procureur de Reims a saisi un juge des tutelles d'une mesure de protection pour Vincent Lambert.
Le tribunal administratif devrait mettre sa décision en délibéré, dans un délai deux à trois semaines.