"Ce sont les hommes qui voilent les femmes, ce ne sont pas les femmes qui veulent se voiler", a déclaré la philosophe Sylviane Agacinski, invitée d'Europe Matin jeudi. Dans son livre Face à une guerre sainte publié aux éditions du Seuil, Sylviane Agacinski interroge sur l'histoire du religieux et du rapport des religions entre elles. La "guerre sainte" est une guerre tournée contre le monde occidental mais aussi contre les musulmans, affirme-t-elle, dont elle rappelle qu'ils sont dans le monde les premières victimes.
La culture du rideau
La philosophe insiste sur un point : il ne faut pas seulement analyser l'islamisme via la tenue vestimentaire ou le port du foulard, mais comme une culture de l'exclusion, de l'inégalité et de la discrimination des femmes. "Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas seulement d'un vêtement mais d'une pratique sociale du voilement", a-t-elle observé.
"J'ai travaillé très longtemps sur la question du rapport homme-femme, dans la philosophie, dans la théologie et je connais bien le voile chrétien romain, le voile chrétien Tertullien, le voile qui était en Arabie, le voile islamique et le voile indo-pakistanais que j'appelle la culture du rideau parce que 'hijab', ça veut aussi dire rideau", a détaillé l'auteure au micro d'Europe 1 avant de définir la "culture du rideau". "C'est la culture de séparation des hommes et des femmes. Les femmes étant considérées comme dangereuses pour les hommes, source de désir, de concupiscence. Les hommes ne doivent donc pas voir les femmes, elles doivent être séparées."
Le voile, "un emblème politico-religieux"
Dans son livre, Sylviane Agacinski constate que le thème de la liberté individuelle a été lancé par les islamistes eux-mêmes. Les islamistes affirment qu'il faut arrêter de dire que les femmes portent le voile pour des raisons religieuses mais qu’il faut dire qu’elles le portent par choix, souligne-t-elle dans son livre Face à une guerre sainte. "Évidemment, un certain nombre de gens sont tombés dans le panneau mais le sujet est assez mal vu parce qu'on a trop traité le sujet du voile du point de vue de la simple laïcité, c'est-à-dire d'un signe religieux. Ce que j'essaye d'expliquer dans ce livre c'est que c'est un emblème politico-religieux, l'emblème d'une doctrine qui veut prôner le slogan des Frères musulmans [qui est] "le Coran est notre constitution", a-t-elle relaté.
"Il s'agit au fond de réislamiser les sociétés et cela passe par le voile. Disons-le pour résumer, le voile est le drapeau des islamistes et pas autre chose, si bien qu'il doit être traité comme un signe politico-religieux et pas simplement religieux", a-t-elle exposé.