Une vague de violence déferle-t-elle vraiment sur la France ? Après un été ponctué par plusieurs faits divers marquants, l'emploi du terme "ensauvagement", longtemps limité à l'extrême droite, est désormais en vogue dans une partie de la droite et a été repris par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il continue toutefois de diviser l'exécutif. Mais que disent les chiffres ? "Les statistiques d'homicides volontaires montrent que l'on est aujourd’hui à un niveau historiquement faible de violence", affirme Sebastian Roché, sociologue spécialiste de la délinquance et de la sécurité, invité d'Europe 1 samedi.
La "civilisation des mœurs" fait baisser la violence
Les statistiques d'homicides volontaires constituent l'un des deux principaux outils utilisés en France pour mesurer la violence, le second étant les enquêtes de victimation, centrées sur les victimes. "Celles-ci montrent que les violences physiques diminuent, de même que les vols avec violence", pointe le sociologue. Pour l'expliquer, il en appelle à la "civilisation des mœurs", en marche "depuis plusieurs siècles déjà". "Les gens rejettent de plus en plus la violence", souligne-t-il. En France, seuls les nombres de cambriolages et de fraudes en ligne augmentent encore.
Alors pourquoi parle-t-on de plus en plus communément d'"ensauvagement" ? "Il n'y a pas de contradiction avec les faits divers de cet été. Le fait de ressentir de l'émotion par rapport à la violence, c’est cela la civilisation des mœurs. Le fait que l'on soit concerné, que les chercheurs soient mobilisés pour la mesurer. Tout cela existe parce que l'on pense que la violence est un problème", explique Sebastian Roché.
Pour lui, Gérald Darmanin en utilisant ce terme décrié notamment par la gauche "essaye de créer une ligne de clivage". "C'est assez classique. La violence est un enjeu politique très important, souvent activé à proximité d’une élection importante", analyse-t-il. Et conclut : "Il n'y a en France aucun mécanisme d'ensauvagement."