Plusieurs organisations opposées à la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'université et à Parcoursup ont annoncé mardi la saisie du Défenseur des droits pour demander notamment la publication des "algorithmes locaux" utilisés par les établissements pour classer les dossiers des candidats.
Des critères "d'une grande opacité", selon les syndicats étudiants. Ces "algorithmes locaux", qualifiés d'"outils à la prise de décision" par le ministère de l'Enseignement supérieur, ont été conçus "dans une grande opacité" par chaque université "en fonction de critères inconnus au grand public", estiment l'Unef (syndicat étudiant), la FCPE (fédération de parents d'élèves), les Ferc-CGT et Snesup-FSU (syndicats d'enseignants du supérieur), l'UNL (syndicat lycéen) et le SAF (syndicat des avocats de France).
Ces organisations s'opposent depuis des mois à la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) votée début 2018 car elle introduit, selon eux, de la sélection à l'entrée à la fac, où la seule condition d'inscription jusqu'à présent était la détention du bac pour les licences générales.
Des algorithmes spécifiques à chaque filière. Le ministère a publié un algorithme national qui dévoile des "critères" pour chaque filière universitaire. Et les universités ont, individuellement, conçu un "outil d'aide à la prise de décision", que les organisations opposées à la loi ORE appellent "un algorithme local". Elles n'ont pas l'obligation de dévoiler les critères retenus par ces algorithmes.
Une "boîte noire" ? "Certaines universités disent qu'elles n'ont pas mis en place d'algorithmes locaux, d'autres ne veulent pas les publier. Sur quels critères s'appuie-t-on ? Le type de bac (général, techno, pro), la série (ES, L ou S pour le bac général), les notes de Première et Terminale, le lycée d'où vient le candidat ? La lettre de motivation ? Le parcours extra-scolaire ?", s'est interrogé Juan Prosper, du SAF, lors d'une conférence de presse.
Pour Vincent Martin, du Ferc-CGT, "il faut ouvrir la boîte noire". Même si le premier problème est "le manque cruel de places à l'université" au regard de la poussée démographique et de la volonté croissante de jeunes d'entamer des études supérieures.
Encore 68.510 candidats sur liste d'attente. Mardi matin, sur les quelque 812.000 candidats ayant inscrit au moins un vœu sur la plateforme Parcoursup, 68.510 étaient toujours sur liste d'attente, 18.302 n'avaient eu que des réponses négatives - et n'avaient donc postulé qu'à des filières sélectives - et 13.969 avaient demandé un accompagnement à la commission rectorale de leur académie. "Des chiffres inquiétants alors que la rentrée universitaire approche à grands pas", a estimé Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef. Le ministère assure lui que tous les candidats auront une place à la rentrée.