1:37
  • Copié
Frédéric Michel avec AFP / Crédit photo : Serge Tenani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Les quatre aéroports et les six ports de Corse étaient bloqués jeudi après-midi par un mouvement social lancé par le syndicat des travailleurs corses (STC), a indiqué un délégué syndical STC. Ce blocage survient en réaction aux récentes réticences de l'État concernant la gestion des infrastructures de l'île par la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Corse

Jeudi après-midi, l'ensemble des quatre aéroports et six ports de Corse étaient bloqués à la suite d'un mouvement social initié par le Syndicat des Travailleurs Corses (STC). Ce blocage survient en réaction aux récentes réticences de l'État concernant la gestion des infrastructures de l'île par la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Corse. Le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a qualifié la position de l'État de "déclaration de guerre".

La Corse paralysée : grève des ports et aéroports par le STC

Ce mouvement a suivi le cri de colère jeudi, du président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, face aux réticences exprimées par un représentant du préfet de Corse sur un dispositif permettant à la Chambre de commerce de continuer à gérer les aéroports et ports de l'île. "C'est une déclaration de guerre" de l'État, a t-il considéré . Selon le STC, ces blocages interviennent après "l'annonce inacceptable" d'Alexandre Patrou, secrétaire général aux Affaires corses (Sgac), qui a émis des doutes jeudi sur la création de deux syndicats mixtes ouverts (SMO) portuaire et aéroportuaire d'ici la fin de l'année. Ces syndicats devaient accorder des concessions à la CCI insulaire afin qu'elle puisse continuer de gérer à partir du 1er janvier 2025 les ports et aéroports de l'île. Invoquant un "risque juridique" dans ce montage, expliquant que cela pourrait ne pas contourner l'appel d'offres obligatoire pour les marchés publics.

Cette annonce a immédiatement suscité la colère de Gilles Simeoni, qui a dénoncé une décision de l'État prise "en catimini, sans consultation" et en violation des engagements précédents. Pour lui, le dispositif proposé permettait d'assurer la gestion des ports et aéroports de manière efficace tout en garantissant les emplois. Le blocage mené par le STC est donc une réponse directe à ce qu'il considère comme un revirement de l'État.

Une paralysie totale des infrastructures

Le délégué syndical du STC, Laurent Filippi, a confirmé à l'AFP que "tous les ports et aéroports de Corse sont bloqués". Cela inclut l'annulation de tous les vols et l'arrêt des activités portuaires. Un message vocal diffusé à l'aéroport de Bastia-Poretta a également confirmé l'annulation des vols au départ, ce qui a engendré une paralysie des transports sur l'île.

Au cœur de cette crise se trouvent des enjeux majeurs pour la Corse, notamment sur le plan de la gestion de ses infrastructures stratégiques. La CCI, déjà sous surveillance renforcée par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) après des "défaillances graves" en matière de sécurité à l'aéroport d'Ajaccio, risque de perdre son rôle dans la gestion de ces infrastructures si l'État insiste sur l'appel d'offres public. Cette perspective soulève de vives inquiétudes pour l'avenir des emplois et la gestion efficace des infrastructures de transport insulaires.

Vers une escalade des tensions ?

Très en colère, Gilles Simeoni a dénoncé cette "décision que vient d'annoncer aujourd'hui l'État, en catimini, sans nous prévenir et en reniant son engagement et sa parole".

"Si l'État respecte ses engagements", ces syndicats mixtes "confieront par voie de concession à la CCI l'exploitation des ports et aéroports et cette solution garantit l'efficacité et l'emploi", a-t-il détaillé. "Si l'État revient sur sa parole, nous ne l'accepterons pas", a-t-il martelé.

En avril, le préfet de Corse avait rappelé les "défaillances graves" et répétées depuis la fin 2022 à l'aéroport d'Ajaccio en matière de filtrage des passagers et des bagages. Pour y "remédier de manière urgente", la CCI avait été placée sous surveillance renforcée par la Direction générale de l'aviation civile dès le 9 avril.