Alors que le pays ne cesse de multiplier les mesures pour tenter de freiner la propagation du coronavirus et protéger la population, une frange de cette dernière semble bien oubliée de la lutte contre l'épidémie. On parle peu, en effet, du sort des sans abris alors que la trêve hivernale prendra fin le 31 mars, date à laquelle cette population fragile va à nouveau se retrouver dans la rue.
Une situation sur laquelle Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS), tente d'alerter, mercredi. Invité de la matinale d'Europe 1, il revient sur les craintes des associations face à ce qui pourrait devenir "une catastrophe sanitaire".
L'épée de Damoclès du 31 mars
"Les personnes sans-abris ou sans domicile fixe sont particulièrement exposées au virus. D’abord parce qu'elles n'ont, à l'évidence, pas accès à l'eau ni à l'hygiène, donc toutes les mesures du ministère de la Santé ne s’appliquent pas ou mal à cette population lorsqu'elle n'est pas hébergée", explique-t-il avant de poursuivre. "Et s'agissant de l'hébergement, il y a l'épée de Damoclès du 31 mars. A partir de cette date, comme c'est le cas chaque année, les places d'hébergement hivernal ferment au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'été. C'est près de 12.000 places qui ont été ouvertes cet hiver en plus du parc d'hébergement traditionnel et qui risquent de fermer".
"Donc nous, les associations de lutte contre l’exclusion, nous demandons une prolongation du plan hivernal parce qu'à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelle. Et il serait effectivement catastrophique d'un point de vue sanitaire et social que des personnes soient remises à la rue sans solution à partir du 31 mars", déplore-t-il.
Des centres pas adaptés pour le confinement
En ce qui concerne les personnes travaillant au sein des centres d'hébergement, Florent Gueguen assure que les instructions sanitaires de l'Etat sont relayées dans ces structures d'hébergement, mais regrette qu'une "majorité de ces centres ne disposent pas de personnel médical, ni de médecin, ni d'infirmier alors même que les personnes hébergées sont souvent à risque, un peu vieillissantes, ont parfois une santé très fragile ou souffrent de maladies chroniques". "L'articulation avec l'accès aux soins est donc très difficile, compte tenu aussi de la saturation du 15 et des difficultés pour obtenir une hospitalisation", ajoute-t-il.
Et le directeur de la FNARS soulève une troisième difficulté : celle du confinement "parce que, notamment dans les grandes villes comme Paris, il y a beaucoup de centres d'hébergement qui sont des centres collectifs avec très peu de chambres individuelles, des locaux d'ailleurs souvent inadaptés et qui ne permettent pas d'isoler une personne malade qui présente des symptômes pour la protéger et protéger les autres personnes hébergées".