Pendant un peu moins d’une heure, la France, incarnée par François Hollande et plus de 2.500 personnes réunies dans la cour d’honneur des Invalides, a rendu hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, les pires que le pays ait connus. Dans un silence souvent assourdissant, rompu par de bouleversants extraits musicaux, la cérémonie, très solennelle, a débuté et s’est conclue par la Marseillaise. Dans l’intervalle, deux moments marquants : la liste des 130 noms, égrenés pendant près de 11 minutes, et un discours très fort du président de la République.
- Une République unie
Lentement, pendant plus d’une heure, la tribune chargée d’accueillir les très nombreux invités conviés à la cérémonie s’est peu à peu remplie, face à la Garde nationale. Les proches des victimes, les blessés, les rescapés des attentats ont pris place sur les éphémères gradins, installés pour l’occasion dans la cour d’honneur des Invalides, pour la première fois théâtre d’une cérémonie en hommage à des victimes civils.
Ils ont été rejoints par les membres, très nombreux, de la classe politique. Etaient notamment présents Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, Lionel Jospin, Edith Cresson, Alain Juppé, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Ayrault, anciens Premiers ministres, Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel. Comme, bien sûr, l’ensemble du gouvernement. Tous ensemble, personnalités et anonymes, ils ont incarné la République unie face aux terroristes. Puis à 10h30, François Hollande a pénétré dans les lieux.
- La musique au cœur de la cérémonie
A l’arrivée du président de la République, une première Marseillaise a retenti dans le ciel, chargé de nuage et d’émotion, des Invalides. Puis deux chansons, lourdes de sens, ont été interprétées. Quand on a que l’amour, de Jacques Brel, chanté par trois jeunes femmes : la Bretonne Nolwenn Leroy, la Française d’origine algérienne Camelia Jordana et la Franco-israélienne Yaël Naïm. Puis Perlimpinpin, un hymne à la paix signé Barbara, entonné par la cantatrice Natalie Dessay.
Nolwenn Leroy, Camelia Jordana et Yael Naïm...par Europe1fr
Une Marseillaise pour commencer, et une Marseillaise aussi, impressionnante, pour conclure la cérémonie après le discours de François Hollande. Ce sont les chanteurs de l'Académie de l'Opéra de Paris et le Choeur de l'Armée française, accompagnés par l'orchestre de la Garde républicaine, qui l’ont interprétée, selon l’orchestration, très martiale, élaborée par le compositeur Hector Berlioz en 1830. En plus du célèbre premier couplet, le sixième a également été chanté. Celui qui commence par "Amour sacré de la patrie".
VIDEO - La Marseillaise chantée dans la cour d...par Europe1fr
L’orchestre de la Garde nationale a également joué quand les invités rentraient dans la cour des Invalides, et quand ils l’ont quittée. Une musique omniprésente donc, un choix délibéré, chargé de symbole. "C’est cette musque qui était insupportable (aux terroristes, ndlr), c’est cette harmonie qu’il voulait casser, briser", a en effet lancé François Hollande au cours de son discours. "Et comme pour mieux leur répondre, nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles." Le premier acte de cette résistance artistique lancée par le chef de l’Etat a eu lieu vendredi matin aux Invalides.
- Pendant 11 minutes, le nom des 130 victimes égrené
Près de 11 minutes, 11 longues minutes, qui ont permis de mesurer concrètement l’ampleur de la tragédie à laquelle la France a été confrontée le 13 novembre. De Stéphane Albertini à Stella Verry, le nom des 130 victimes des attentats a été égrené, un à un, dans un silence de cathédrale. Un moment marqué aussi par les visages sombres, marqués des personnalités présentes. S’en est suivie une minute de silence, de profond recueillement en mémoire aux tués du 13 novembre.
Pendant 11 minutes, le nom des victimes égrenépar Europe1fr
- "Nous ne changerons pas" : Hollande, un discours entre compassion et combativité
Evidemment, François Hollande a d’abord et avant tout rendu hommage aux victimes des attentats. Mais pas seulement. Le président de la République a aussi tenu à apporter une réponse ferme aux terroristes. Dans un discours d’un peu plus d’un quart d’heure, qu’il a rédigé seul, ou presque, le chef de l’Etat s’est posé en porte-parole d’une "nation toute entière qui pleure ses victimes", (…) ces 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues". "Mais je vous l’affirme, nous ne changerons pas", a-t-il aussi lancé.
François Hollande : "La nation toute entière...par Europe1fr
François Hollande a donc d’abord tenu à s’adresser à la jeunesse de la France, alors que plus de la moitié des victimes étaient âgées de moins de 35 ans. "L’attaque du 13 novembre restera dans la mémoire de la jeunesse d’aujourd’hui comme une initiation terrible à la dureté du monde, mais aussi comme une invitation à l'affronter", a-t-il déclaré. Pour autant, le chef de l’Etat a fait part à cette "génération Bataclan" de sa confiance. "Elle saura, j'en suis convaincu, faire preuve de grandeur. Elle vivra pleinement, au nom des morts que nous pleurons aujourd'hui."
François Hollande : "Cette génération est...par Europe1fr
Le président de la République a aussi été très ferme, très combattif au moment d’évoquer les auteurs de ces attentats, cette "horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines au nom d'une cause folle et d'un Dieu trahi". "Je promets solennellement que la France mettra tout en oeuvre pour détruire l'armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu'elle agira sans répit pour protéger ses enfants", a lancé François Hollande. "Que veulent les terroristes? Nous diviser, nous opposer, nous jeter les uns contre les autres? Je vous l'assure, ils échoueront. Ils ont le culte de la mort, mais nous, nous avons l'amour de la vie".
François Hollande : "L'ennemi, c'est la haine"par Europe1fr