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Les universités dénoncent des restrictions budgétaires «intenables»

Europe 1 avec l'AFP / Crédits photo : Stéphane de Sakutin / AFP . 3 min
© Stéphane de Sakutin / AFP

Alors que la censure du gouvernement Barnier est désormais quasi certaine, les présidents d'établissements de l'enseignement supérieur ne décolèrent pas. Ils se sont mobilisés en masse ce mardi 3 décembre contre les restrictions budgétaires qu'ils jugent toujours plus sévères, impactant la qualité des formations proposées par les universités.

Les présidents d'université montent au créneau: ils se sont mobilisés d'une manière "inédite" mardi face aux restrictions budgétaires "intenables" demandées par le gouvernement après déjà, selon eux, plusieurs années de sous-financement. "C'est la première fois que j'assiste à un mouvement collectif de tous les présidents d'université", assure Jean-Luc Dubois-Randé, président de Paris-Est Créteil, lors d'une conférence de presse mardi aux côtés d'une dizaine de présidents d'établissements du supérieur à Sorbonne Université.

 

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Un budget de plus en plus "contraint"

"Ce qui me frappe, c'est notre unité", appuie Jean-François Huchet, président de l'Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales). Tous dénoncent des "chiffres qui circulent" les présentant en excédent de trésorerie, arguant que chaque euro de leur budget est déjà alloué, notamment à des projets de recherche spécifiques, et que l'on ne peut utiliser le fonds de roulement pour "payer les factures". Christine Neau-Leduc, présidente de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne dénonce notamment un "problème structurel de sous-financement" et beaucoup d'efforts déjà réalisés pour faire face à une augmentation du nombre d'étudiants.

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"La situation est intenable" et les universités sont désormais obligées de fermer des formations , renchérit Caroline Rolland-Diamond de l'université Paris Nanterre. "La situation est dramatique", a pour sa part jugé mardi matin le président de l'université lilloise Régis Bordet, lors d'une conférence de presse séparée, alors que son établissement est resté fermé en cette journée de mobilisation nationale. A Lille, "fin 2025, nous ne serons même plus à l'os, nous serons à la moelle osseuse ce qui veut dire plus d'investissements en 2026-2027", a-t-il pointé.

Les présidents d'université se disent déterminés à poursuivre leur mouvement dans la durée même si l'éventualité de voir le gouvernement de Michel Barnier tomber cette semaine jette un voile d'incertitude sur la manière de le faire. "Comment investir dans une situation budgétaire totalement instable où on nous ajoute des nouvelles mesures ? Nous n'avons aucune visibilité", a regretté Régis Bordet. En novembre, une délégation de présidents d'université alertait déjà sur le projet de loi de finance 2025 qu'elle qualifiait de "toujours plus contraint". Ces restrictions budgétaires, affirmaient-ils, précipitent les universités "dans une situation extrêmement grave d'un point de vue financier".

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Des organisations étudiantes se sont également mobilisées mardi, notamment à Paris. Le syndicat de l'Union étudiante de Paris 1 (SAP1) a mené une "action symbolique" avec des chaises vides pour alerter contre les conséquences des restrictions budgétaires. L'Union étudiante appelle à rejoindre jeudi le mouvement de grève dans la fonction publique, qui devrait être très suivi dans l'enseignement. Les présidents d'université présents à la conférence de presse de mardi estimaient que leurs établissements seraient probablement ouverts jeudi: "nous avons plutôt opté pour des assemblées", souligne Annick Allaigre, présidente de Paris 8.

Le ministre de l'Enseignement supérieur Patrick Hetzel a réagi à cette mobilisation en affirmant qu'une "révision en profondeur du système d'allocation des moyens alloués aux universités est indispensable". Le communiqué de son ministère rappelle que dans le cadre d'"un effort de solidarité nationale demandé à l'ensemble des opérateurs publics", des économies "de l'ordre de 350 millions d'euros" ont été demandées aux établissements d'enseignement supérieur.

Le ministère considère que ces efforts "peuvent être absorbés en 2025 par une majorité des établissements" mais reconnait qu'une "dizaine" pourraient "rencontrer des difficultés financières accrues". Il assure qu'"aucun établissement ne sera laissé sans solution".

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