Il y a un mois, le gouvernement annonçait la composition de la Commission pour la relance durable et la construction de logements. Parmi eux, aucun architecte. Un constat difficile pour la profession, qui se retrouve à l'écart de l'élaboration de l'essentiel des politiques publiques en matière de logement. Invitée d'Europe Matin, Christine Leconte, présidente de l'Ordre national des architectes, a regretté cette décision et a estimé que l'objectif devait être au contraire de s'opposer à la destruction des bâtiments existants. Elle a détaillé sa vision du logement du futur, entre enjeux pour la société et environnement.
Utiliser des matériaux comme la terre ou le chanvre
"On se rend compte aujourd'hui qu'il y a 66% des déchets qui proviennent du BTP et des infrastructures, et même 75% en Ile-de-France. Donc il faudrait qu'on demande aussi aux entreprises de construction de moins démolir", a-t-elle estimé. En effet, deux tiers des déchets en France sont issus de ce secteur. "Démolir n'est plus une option possible, il faut refaire de l'architecture à partir de l'existant. Il y a de vrais défis à relever".
En France en effet, 3 millions de logements sont à réhabiliter. Mais pour Christine Leconte, la façon de construire doit elle-aussi changer. "On a doublé notre consommation de béton dans le monde en dix ans et le béton, effectivement, a plusieurs sources d'émissions de gaz à effet de serre. Donc, il faut aller voir ailleurs. Il y a d'autres matériaux très anciens et sont extrêmement intéressants pour la planète. On pense à la terre, par exemple, qui a une inertie thermique extrême, mais aussi le chanvre, la paille, le bois ou encore la pierre", a détaillé l'architecte. Selon elle, tous ces matériaux biosourcés doivent désormais être mis en avant.
Aller vers la ville du futur
Mais pour Christine Leconte, le point positif reste que la société post-Covid devrait permettre d'intéresser de nouveaux les élus à ces enjeux environnementaux. "Je crois que les Français ont vraiment pris conscience de l'importance d'avoir un logement qui corresponde à leurs besoins. Donc on veut sortir de la ville purement économique pour aller vers une ville qui soit en accord avec les envies des habitants. Et ça, c'est la ville du futur. C'est-à-dire une ville qui réponde à la fois aux enjeux écologiques, mais aussi à des enjeux sociétaux très forts de vivre ensemble, mais aussi de rapport à l'intimité", a-t-elle poursuivi.
Et regagner cette confiance et cette attention des élus est un des objectifs de l'Ordre national des architectes en vue de la présidentielle de 2022. "J'appelle les candidats à ne pas hésiter à venir nous parler, à ne pas hésiter à nous écouter, pour justement parler de qualité de vie des Français. Parce que tout ça urge vraiment".